Une hausse « alarmante » des fraudes à l’Assurance maladie en Pays de la Loire
Santé

Une hausse « alarmante » des fraudes à l’Assurance maladie en Pays de la Loire

En 2024, l’Assurance maladie a stoppé 20 millions d’euros de fraudes en Pays de la Loire, un chiffre en forte hausse. La CPAM renforce ses contrôles face à des pratiques de plus en plus poussées.

De gauche à droite : Dr Sophie Ménestrier, directrice médicale régionale, Bénédicte Samson, directrice de la CPAM de Maine-et-Loire, et Patrick Jurquet, directeur comptable et financier de la CPAM de Maine-et-Loire. – © Angers.Villactu.fr

En 2024, l’Assurance maladie a détecté et stoppé 628 millions d’euros de fraudes en France, dont 20 millions d’euros en Pays de la Loire, marquant une hausse de 30 % par rapport à l’année précédente. Face à l’explosion des fraudes, un renforcement des dispositifs de contrôle a été mis en place.

Des faux arrêts de travail et des audioprothèsistes dans le collimateur

Parmi les principales fraudes, les faux arrêts de travail vendus en ligne connaissent une véritable recrudescence. Sur des plateformes comme Instagram ou Snapchat, ces documents sont proposés pour 25 euros, accompagnés d’instructions destinées à tromper les contrôles. « On assiste à une hausse alarmante, avec 1,5 million d’euros de fraudes à l’arrêt de travail détectées en 2024, soit une augmentation de 140 % », alerte Bénédicte Samson, pilote régionale de la lutte contre la fraude.

Autre fraude majeure identifiée en 2024 : celle liée aux audioprothèses. Le préjudice détecté dans ce domaine a été multiplié par sept en un an, atteignant 2,4 millions d’euros en Pays de la Loire. « Des escrocs pratiquent du démarchage téléphonique ou à domicile, réalisent des tests auditifs sans aucune valeur et facturent des appareils sur la base de prescriptions frauduleuses », explique le Dr Sophie Ménestrier, directrice du service médical régional.

Le Maine-et-Loire a notamment été le théâtre d’une vaste escroquerie : une société audioprothésiste, aujourd’hui disparue, fournissait des ordonnances signées par des médecins étrangers et facturait des appareils jamais livrés.

« Un audioprothésiste frauduleux, qui réalise une fausse prescription à un assuré qui a des problèmes de surdité peut avoir des conséquences grave. Si ce n’est pas un vrai médecin derrière qui examine l’assuré, il ne peut détecter une pathologie plus grave que la simple surdité liée au vieillissement et entrainer d’importantes complications médicales », poursuit Sophie Ménestrier.

Près de 5 millions d’euros de préjudice dans le Maine-et-Loire

Le Maine-et-Loire n’est pas en reste avec un préjudice total de 4 748 185 euros en 2024. Dans le détail, 2 075 757 euros concernent les fraudes des professionnels de santé, dont 671 847 euros liés aux audioprothèses. Les fraudes d’assurés représentent 1 758 945 euros, tandis que celles des établissements de santé s’élèvent à 913 482 euros. Au total, 133 dossiers ont donné lieu à des poursuites, aboutissant à 150 sanctions, dont 78 pénalités financières et 52 actions pénales.

Face à cette flambée des fraudes, l’Assurance maladie a intensifié ses efforts. En Pays de la Loire, 42 agents sont dédiés à la lutte contre ces infractions. 60 cyberagents quadrillent également le territoire pour débusquer les trafics en ligne.

Pour lutter contre ce phénomène, l’Assurance maladie encourage les médecins à utiliser l’arrêt de travail dématérialisé. Le formulaire papier « Cerfa » sera remplacé dès juillet par une version plus sécurisée dotée d’un QR code et d’une étiquette holographique. De nouveaux outils ont également été déployés, dont notamment le téléservice Asafo-Pharma, permettant aux pharmaciens de signaler des ordonnances suspectes.

Les assurés appelés à la vigilance

Pour prévenir les fraudes, l’Assurance maladie encourage les assurés à adopter certains réflexes. Elle recommande de vérifier régulièrement leurs remboursements, de déclarer toute perte de carte Vitale, de ne jamais communiquer leurs codes confidentiels et de signaler toute anomalie à la CPAM.

Si les efforts engagés commencent à porter leurs fruits, les fraudes continuent d’évoluer et exigent une vigilance constante. « Nous ne laisserons pas ces pratiques sévir au détriment du système de santé et des assurés », martèle Sophie Ménestrier.

Par Eline Vion.

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