Des fouilles archéologiques réalisées dans la ZAC de Provins, derrière l’hippodrome d’Angers, à Ecouflant, ont permis de découvrir des traces d’occupation humaine gauloise et gallo-romaine. Un système de captage d’eau complexe a été révélé.
A.V.fr
Depuis la mi-juin, une équipe de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), intervient à Ecouflant, dans le cadre du projet d’extension de la ZAC de Provins. Sur une surface de 2,5 hectares, les archéologues ont découvert des traces d’occupation humaine gauloise et gallo-romaine. Ils ont notamment mis en évidence un système complexe de captage d’eau de la nappe phréatique, en lien avec un aqueduc identifié en 2014 à 400 mètres du site.
Ce site se trouve le long de la voie gallo-romaine qui relie Angers (Juliomagus) au Mans (Vindinum).
Un domaine rural délimité par des faussés
Les archéologues ont mis au jour un vaste système de fossés correspondant à un domaine rural qui a dû prendre place au deuxième siècle avant Jésus-Christ à l’époque gauloise.
L’essentiel des fossés caractérisent un système parcellaire d’époque gallo-romaine qui a pris la suite. Des activités agricoles devaient également s’y dérouler. La présence de nombreux fragments de tuiles gallo-romaines suggère que le site pourrait correspondre à la partie agricole d’une villa gallo-romaine. « A cette époque, les villas appartenaient à des gens très riches. Elles pouvaient avoir jusqu’à 200 pièces, explique Martin Pithon, responsable de l’opération. Selon des textes médiévaux, une autre villa se trouvait dans le quartier des Banchais près de l’actuel Super U. »
Sur place, des tessons et vases gaulois mais également romains ont été retrouvés. Des morceaux d’amphores à vin ont pu également être extraits.
Les nombreux objets retrouvés sur place – A.V.fr
Un dispositif complexe pour capter l’eau et la stocker
Dans la partie sud de l’emprise de la fouille, les archéologues ont mis en évidence un dispositif de captage d’eau de la nappe phréatique et de réservoir d’époque gallo-romaine, vraisemblablement en lien avec l’aqueduc de Provins identifié il y a quelques années. Le dispositif comporte une série de onze forages qui auraient servi à installer un drain souterrain en blocs de grès et un canal courant sur un peu plus de 75 mètres. Le drain servait à orienter l’écoulement de l’eau et à la diriger vers l’aqueduc.
« C’est quelque chose qui a très rarement été mis au jour sous nos latitudes. Connu également sous le nom de « Qanat », ce système est connu depuis le 1er millénaire en Mésopotamie et utilisé aussi en Afrique du Nord, en Italie et en Espagne », précise Martin Pithon.
« Les romains sont venus chercher de l’eau sur un point haut de la ville car cela leur permettait par gravité d’amener l’eau dans un aqueduc vers la ville. On ne sait pas exactement si ce dernier va jusqu’à la ville mais il en prend la direction », poursuit Martin Pithon.
Seulement deux exemples similaires ont été répertoriés du côté de Tours et Nancy.
Un petit édifice à proximité aurait servi à rendre hommage à la personne ayant financé la construction de cet ensemble.
Enfin, un four à chaux médiéval a été découvert. « Il servait probablement à recycler les matériaux calcaires de l’occupation antique », indique Martin Pithon.
Un four à chaux médiéval – A.V.fr
Le terrain bientôt rendu à l’aménageur
D’ici la fin du mois, les archéologues vont quitter le site pour le restituer à l’aménageur.
Le travail ne s’arrêtera pas là pour autant. « Une phase d’étude assez longue va prochainement démarrer au cours de laquelle l’ensemble des données du terrain vont être revues et les plans réalisés. Les objets extraits seront répartis auprès de différents spécialistes qui vont les étudier afin d’alimenter le rapport final », explique Sandrine Lalain, chargée de la communication à l’Inrap.
A cet endroit, des maisons individuelles, des résidences collectives et une résidence seniors de 120 logements devraient voir le jour. Au total, 275 nouveaux logements sont attendus sur cette dernière tranche de la ZAC de Provins.
