Pour éviter les hospitalisations de nuit chez les personnes âgées qui peuvent être différées dans de nombreux cas, le Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angers et l’Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire ont mis en place un dispositif de télémédecine nocturne dans les EPHAD du Maine-et-Loire.
Selon les chiffres donnés par le CHU d’Angers, 40 à 50 % des hospitalisations de nuit profonde (entre minuit et sept heures du matin NDLR) pourraient être différées chez les personnes âgées, les soins pouvant se faire le lendemain sur leur lieu de vie.
Face à ce constat, les médecins coordonnateurs des EHPAD du Maine-et-Loire, les urgentistes et gériatres du CHU d’Angers proposent, depuis le jeudi 2 mars, la mise en place d’un dispositif de télémédecine nocturne destiné aux personnels soignants et non soignants des EHPAD du département.
« 60 à 70 % des résidents d’EHPAD sont désorientés ou à troubles cognitifs. L’attente aux urgences peut donc les rendre confus ou provoquer d’autres effets indésirables, comme l’apparition d’escarres », explique le Dr Marine Asfar, gériatre et médecin coordonnateur de l’EHPAD Saint-Nicolas du CHU d’Angers.
Un dispositif facilitateur
Ce système comprend une visio-régulation associée à une mallette de soins d’urgences composée, notamment, de médicaments sur ordonnance, de compresses et désinfectant, ainsi que d’antidouleurs allant du paracétamol à la morphine.
La visio-régulation se fait exclusivement de nuit et par le SAMU. Elle repose sur l’utilisation de smartphones qui équipent d’ores et déjà les EHPAD depuis la crise sanitaire. Si aucune urgence vitale n’est observée « le personnel appelant le SAMU reçoit un SMS pour se connecter en visio avec le médecin régulateur urgentiste », précise le Dr Delphine Douillet, urgentiste au CHU d’Angers.
La mallette sera, quant à elle, utilisée sur l’avis du médecin régulateur hospitalier à distance pour faciliter la prescription des médicaments.
« Ce système est déjà testé depuis 2010 dans des refuges de haute altitude difficiles d’accès et faute d’hélicoptères de nuit. Après évaluation du dispositif lors de sa première année de mise en place, on remarque que 58 % des transports aux urgences ont été différés ou annulés », ajoute le Dr Delphine Douillet.
Des formations à plusieurs échelles
Pour les personnels soignants et non soignants d’EHPAD, une formation en distanciel sera dispensée par les urgentistes du Centre d’enseignement des soins d’urgence (CESU) du CHU d’Angers. Cette formation se fera dans le cadre de leur renouvellement de l’attestation gestes et soins d’urgence.
« Pour former le personnel nous allons aussi proposer une formation plus courte grâce à des e-learning sur la pratique de la visio-régulation et sur les cas d’utilisation de la mallette », poursuit le Dr Delphine Douillet.
Sur les 129 EHPAD du département, seulement une dizaine disposent aujourd’hui de ce système de visio-régulation. « Ce dispositif n’est pas de nature obligatoire, mais nous invitons le maximum d’établissements à y prendre part », indique Isabelle Monnier, déléguée territoriale de l’ARS.
Par Eline Vion.