Selon une étude de l’Insee, les Pays de la Loire sont confrontés à de fortes difficultés de recrutement dans le bâtiment, amplifiées par le contexte démographique et écologique.
Selon une étude conjointe de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), de la Cellule économique régionale de la construction (CERC), et de la Chambre de métiers et de l’artisanat des Pays de la Loire, publiée le 21 septembre dernier, la région fait face à une demande immobilière de plus en plus importante confrontée à un manque de main d’œuvre inquiétant dans le secteur du bâtiment.
Pour rappel, le secteur du bâtiment représente 11 % des établissements employeurs des Pays de la Loire (12 600 entreprises), et près de 85 700 emplois, soit 6 % des postes salariés de la région.
Une crise de recrutement
La récente inflation de 2023 a impacté plusieurs entreprises du secteur, entraînant des ralentissements sur les chantiers. Bien que les besoins en recrutement diminuent de 17 % en 2023, la région maintient des niveaux élevés de demandes de main-d’œuvre qualifiée.
Au total, 8 240 projets de recrutements concernent des ouvriers qualifiés du bâtiment ou conducteurs d’engins du BTP, 3 460 des ouvriers non qualifiés du bâtiment, 1 300 des techniciens, agents de maîtrise et cadres du BTP et 2 160 d’autres métiers de la construction hors BTP, parmi lesquels techniciens et agents de maîtrise de la maintenance et de l’environnement, secrétaires bureautiques et assimilés ou ouvriers qualifiés de la maintenance en électricité et en électronique.
Les emplois précaires et les bas salaires dans les métiers non qualifiés du gros œuvre et pour les conducteurs d’engins du bâtiment compliquent davantage la situation. En effet, les salaires dans le secteur du bâtiment dans la région sont inférieurs à la moyenne nationale, avec 13,43 euros nets par heure contre 13,72 euros.
Toujours selon cette même étude, la crise de recrutement s’explique aussi par « l’augmentation soutenue de la population ligérienne entre 2014 et 2020, qui est de 0,7 % par an en moyenne, générant des besoins considérables en logements ».
Construire sans artificialiser
En plus des défis démographiques et de recrutements, la transition écologique pose des exigences supplémentaires, incitant le secteur du bâtiment à se concentrer davantage sur la rénovation et la réhabilitation des bâtiments existants, tout en favorisant une densification verticale et en veillant à la sobriété énergétique.
La loi Climat et résilience impose une réduction de moitié du rythme de consommation des terres de 2021 à 2031 par rapport à la décennie précédente. Entre 2009 et 2019, la consommation d’espace liée à l’habitat a augmenté de 8,2 %, dépassant la moyenne nationale de 7,7 %. Les leviers pour atteindre les objectifs incluent la construction en hauteur, la rénovation du bâti existant et la densification des parcelles.
À moyen terme, les besoins en logements pourraient ralentir, avec une croissance démographique prévue de 0,5 % par an jusqu’en 2030, et de 0,3 % par an entre 2030 et 2040. « Les départs à la retraite dans le secteur restent difficiles à mesurer, mais le vieillissement de la population ne devrait pas entraîner une diminution significative de la main-d’œuvre », conclu l’étude.