Tourisme : Une saison estivale mitigée dans le Maine-et-Loire
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Tourisme : Une saison estivale mitigée dans le Maine-et-Loire

Malgré un mois d’août stable, les professionnels du tourisme de Maine-et-Loire font état d’un bilan contrasté cet été, notamment en raison de la météo, des Jeux olympiques et du contexte politico-social de la France.

Camping - Anjou tourisme - David Darrault

Les campings de l’Anjou enregistrent une baisse de fréquentation en 2024. – @ Anjou tourisme

Après un début de saison qui a démarré sur les chapeaux de roue en mai, le tourisme en Anjou a connu un été plus compliqué, avec une baisse de la fréquentation aussi bien française qu’internationale. Le mois d’août a néanmoins permis de maintenir un niveau similaire à celui de 2023, mais cela n’a pas suffi à compenser les pertes cumulées durant l’été.

« En comparaison avec 2023, qui avait été une année de haute fréquentation, la saison estivale 2024 affiche une baisse de 5 % », indique le directeur d’Anjou tourisme, Rodolphe Ligonnière.

De son côté, Philippe Chalopin, président du Groupement d’intérêt public Anjou tourisme, se veut rassurant : « Cela reste une très bonne année. En comparaison des deux années précédentes, qui étaient record en termes de fréquentation, l’été 2024 était certes, un peu moins dynamique, mais les chiffres ne s’effondrent pas ».

Des résultats mitigés selon les secteurs

Les avis des professionnels du tourisme en Anjou divergent en fonction de leurs secteurs d’activité. Au total, Anjou tourisme a recensé 3,2 millions de nuitées pour les mois de juillet et août, « un chiffre comparable à celui de 2022 », souligne Rodolphe Ligonnière.

Les meublés de tourisme s’en sortent relativement bien et se déclarent satisfaits de leurs résultats. Les plateformes de location comme Airbnb et Abritel ont enregistré des performances en hausse, notamment en août. Le taux d’occupation est resté stable et les nuitées ont même progressé.

Pour Jean-Luc Robin, président des Gîtes de France, « la saison 2024 est au moins aussi bonne que 2023, qui était pourtant une année exceptionnelle. Le secteur semble avoir su capitaliser sur les tendances actuelles du marché, notamment la flexibilité et l’intérêt des touristes pour des séjours plus intimistes et souvent plus économiques que l’hôtel ».

À l’inverse, les hôtels et les restaurants dressent un bilan plus mitigé. « Seul un quart des hôteliers se déclarent satisfaits de leur chiffre d’affaires, tandis que la plupart déplorent une baisse de la fréquentation, notamment dans les établissements situés en centre-ville d’Angers », explique le directeur d’Anjou tourisme.

Les campings, de leur côté, ont connu un début de saison particulièrement difficile en raison des conditions météorologiques défavorables. « Les pluies abondantes et les inondations ont fortement impacté l’activité. J’ai des collègues qui n’ont pas pu ouvrir au mois de mai à cause de ça », déplore Dany Thomas, vice-président de la FRHPA de Maine-et-Loire et gérant du camping La Guyonnière, à Mauges-sur-Loire.

Néanmoins, le mois d’août a permis un rattrapage partiel des pertes, grâce à un climat plus favorable. « Si la saison a été difficile, elle se termine sur une note moins négative que prévue, avec une activité en août proche des résultats très positifs de 2023. Et le mois de septembre se passe bien », poursuit-il.

La clientèle française reste fidèle, mais des signes de recul

Malgré une baisse globale de la fréquentation, la clientèle française est bien restée présente en Anjou cet été, avec des niveaux similaires à ceux des deux années précédentes. Cependant, on observe une diminution de la fréquentation des vacanciers en provenance de la région parisienne, en baisse de 10 % par rapport à 2023.

Un recul qui s’explique en partie « par des contraintes économiques et climatiques, mais aussi par des changements dans les comportements touristiques, marqués par des séjours plus courts et des réservations de dernière minute », rapporte Rodolphe Ligonnière

Du côté de la clientèle étrangère, qui représente une part conséquente du tourisme en Anjou, elle a enregistré une forte baisse cet été, avec un peu plus de 900 000 nuitées, soit une diminution de 9 % par rapport à 2023. Cette baisse est en grande partie due au recul de la fréquentation britannique, très importante habituellement.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce phénomène, « notamment une couverture médiatique défavorable de la France dans la presse britannique, en lien avec les Jeux olympiques de Paris, ainsi que des préférences pour d’autres destinations européennes plus ensoleillées », souligne Philippe Chalopin.

Un calendrier et une météo peu propices

Le contexte météorologique a joué un rôle clé dans cette baisse de fréquentation. L’année 2024 a été marquée par une météo capricieuse, avec des précipitations fréquentes et un faible ensoleillement, particulièrement en juillet.

Les inondations dans certaines zones d’Anjou ont pénalisé de nombreux campings, guinguettes et activités de plein air comme le canoë ou le vélo, traditionnellement prisées par les vacanciers.

En plus des conditions climatiques, le calendrier n’a pas joué en faveur du tourisme en Anjou. Le 14 juillet, tombant un dimanche cette année, n’a pas permis aux vacanciers de profiter d’un long week-end, contrairement à 2023 où le jour férié était un vendredi.

« Les élections législatives, qui se sont tenues au début des vacances scolaires, ainsi que les Jeux olympiques de Paris, ont également affecté la fréquentation, particulièrement en juillet », explique Philippe Chalopin.

Le pic de fréquentation habituel du week-end du 14 juillet a été moins marqué cette année, participant à la baisse des chiffres pour ce mois. De même, le week-end du 15 août a connu une fréquentation en recul, tout comme la dernière semaine des vacances scolaires.

Des comportements touristiques en pleine mutation

Anjou tourisme fait également état des évolutions dans les comportements des vacanciers qui affecteraient leurs habitudes, et par conséquent, les chiffres des professionnels. Les réservations de dernière minute sont de plus en plus fréquentes, en partie en raison de l’incertitude liée à la météo.

« Quand on n’a pas beaucoup de vacances et qu’on a du mauvais temps depuis octobre, on préfère choisir une destination où on est sûr d’avoir du soleil. Ce qui explique peut-être le choix des vacanciers pour les départements méditerranéens qui a un meilleur bilan touristique et l’attrait vers l’Italie, l’Espagne ou le Portugal », explique Stéphane Michon, directeur de TrogloNature à Saumur.

Les séjours sont également plus courts, avec une durée moyenne de 3,8 nuits, en légère progression par rapport aux années précédentes.

Par Eline Vion.

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