À Angers, le tourisme connaît une saison estivale en demi-teinte. Alors que certains hôteliers affichent des taux de remplissage satisfaisants, d’autres déplorent une baisse de fréquentation. Malgré ces résultats mitigés, l’optimisme reste de mise parmi les professionnels du secteur, qui comptent sur une arrière-saison dynamique pour redresser la barre.
Après un bon été 2023, les hôtels angevins connaissent quelques déconvenues en cette saison 2024. Si dans l’ensemble, les hôteliers ont plutôt le sourire depuis le début de l’année, certains ont du mal à faire le plein. « Le premier semestre a vraiment été très très bon, avec un taux d’occupation qui dépasse celui de 2023 », raconte Thomas Couet, directeur de l’hôtel le 21 Foch qui dispose de 12 chambres et d’un appartement en plein cœur de ville. De son côté, Guillaume Gardin est à la tête de l’hôtel Kyriad à Beaucouzé et du Logis à Angers. Ces deux hôtels trois étoiles, respectivement de 54 et 42 chambres, ont vécu un premier semestre assez correct.
Le secteur de la gare est, quant à lui, davantage en berne. Pour Grégory Montil, directeur de l’hôtel le Progrès, « l’activité en hôtellerie a beaucoup décliné depuis quelques années. Les mois qui sont bons le restent, mais les mois faibles le sont encore plus, notamment l’été ».
Un été mitigé
La météo peu clémente de ces dernières semaines n’aura pas été favorable au tourisme dans l’ensemble de l’Hexagone. Les hôteliers affichent un bilan contrasté pour la première partie de la saison estivale. « Le mois de juillet a été très calme, avec un taux d’occupation en baisse de 20 % par rapport à 2023 », remarque Thomas Couet du 21 Foch.
Si la météo n’a pas poussé les vacanciers à prendre la route, les raisons sont multiples selon le gérant de l’hôtel : « Les Jeux olympiques ont un peu mis sur pause le tourisme en France. Il y a moins d’étrangers, notamment d’Américains. Nous pensions que les JO allaient amener davantage de touristes. Finalement c’est l’effet inverse. La situation politique et l’inflation jouent également en défaveur du tourisme ».
C’est le cas également pour Grégory Montil de l’hôtel le Progrès : « Il n’y a pas eu l’effet JO escompté. C’est un beau coup de publicité pour le tourisme en France, mais il ne se voit pas cette année dans les chiffres ». Situé dans le quartier de la gare, l’hôtel le Progrès s’oriente plutôt vers une clientèle d’affaire. « Le loisir n’est pas notre cible. L’été et les week-ends restent donc plus calmes pour nous. On sent quand même un tournant depuis le Covid sur cette période, avec des clients qui restent seulement pour de courts séjours et des réservations de dernière minute ».
Une situation similaire pour Laurence Hourdry, directrice de l’hôtel Suzanne, situé place de la gare. Avec ses 45 chambres et ses 13 salariés, l’hôtel ne fait pas le plein : « Les chiffres ne sont pas là. On n’arrive pas à remplir, alors qu’on le pourrait. On a beaucoup de réservations de dernière minute le week-end, ce qui chamboule notre organisation. En semaine, nous sommes à 60 % d’occupation, un chiffre en retrait par rapport à l’été dernier. On espère que le mois d’août sera meilleur ».
En périphérie, le constat est tout autre pour Guillaume Gardin qui voit ces deux hôtels connaître plutôt un bel été. Au Kyriad, le taux d’occupation sur le mois de juillet est passé de 70 % en 2023 à 78 % cette année. « Depuis le Covid, la fréquentation s’accroît l’été. En 2014, lors de notre ouverture, le taux d’occupation était plutôt aux alentours de 58 % », se réjouit Guillaume Gardin. Le Logis, situé près de la Clinique de l’Anjou, réalise un meilleur début d’été qu’en 2023.
« Ce sont deux hôtels qui vivent davantage du tourisme d’affaires pendant l’année. En été, nous sommes sur la route des vacances. Nos clients s’arrêtent pour de très courts séjours », souligne le propriétaire.
Pour la suite de la saison, le directeur du 21 Foch ne sait pas encore sur quel pied danser. « Depuis le Covid, il s’agit beaucoup de séjours de dernière minute. Il est difficile d’avoir des perspectives. Nous espérons désormais un attrait post-JO, avec une belle arrière saison et un meilleur été 2025 ». Du côté du Kyriad et du Logis, on attend avec impatience le retour de la clientèle d’affaires et on mise également sur l’arrière saison, avec des seniors et des actifs sans enfant qui font le choix de partir en septembre.
De nouveaux hôtels à Angers : stop ou encore ?
La résidence de tourisme Odalys, derrière la gare, est le dernier hôtel à avoir ouvert ses portes à Angers. En 2027, un nouvel hôtel offrira 105 nouvelles chambres dans l’immeuble de La Poste. Rue des Arènes, un hôtel haut-de-gamme de 49 chambres est également en projet. Pour le directeur du 21 Foch, le risque que l’offre devienne trop importante à Angers est réel si de nouveaux événements ne sont pas organisés chaque année à Angers.
En mai dernier, Mathilde Favre d’Anne, présidente de Destination Angers, estimait que les 1 379 chambres d’hôtel accessibles à proximité du Centre de congrès n’étaient pas suffisantes. « Nos lieux d’accueil doivent être à la hauteur des demandes des congressistes. Il y a quelques congrès qui n’ont pas choisi Angers, car l’offre hôtelière n’était pas suffisante », expliquait-elle.
Un constat que partage Guillaume Gardin : « L’arrivée de nouveaux hôtels va permettre de dynamiser le centre-ville. Il y a beaucoup de petits hôtels à Angers qui ne permettent pas d’accueillir des événements importants faute de chambres. Les organisateurs doivent souvent trouver des solutions en allant en dehors de la ville-centre. »
Pour Laurence Hourdry, ces offres supplémentaires sont loin d’être nécessaires : « Il y a une très forte concurrence qui fait défaut aux petits hôtels. Quand la municipalité a annoncé l’arrivée de ces gros porteurs, on s’est questionné sur le bien-fondé d’avoir de nouveaux hôtels dans le centre-ville ».
Par Eline Vion et Sylvain Réault.
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