Face au manque de logements étudiants, associations, syndicats et élus se mobilisent pour tenter de trouver des solutions.
Depuis plusieurs années, les étudiants sont confrontés à une pénurie de logements qui tend à s’accentuer. « Dès la première semaine de cours, nous nous sommes rendu compte que le problème était toujours important à Angers. Il y a près de dix étudiants qui sont venus vers nous car ils n’avaient nulle part où dormir. La semaine dernière encore, deux étudiantes sont venues vers moi, car elles n’arrivaient pas à trouver de logement. Il est courant que des étudiants dorment dans leur voiture sur le parking de la fac ou avec un simple sac de couchage, notamment sur le campus de Belle-Beille », explique Samuel Roubillon, président de l’Union nationale des étudiants de France (Unef) d’Angers.
Des loyers toujours plus élevés
Le constat est le même du côté de l’antenne angevine Cop1 : « Nous avons eu beaucoup de sollicitations tout au long du mois de septembre. Encore aujourd’hui, des étudiants nous demandent si nous n’avons pas des offres de logements », avance Axelle Guillard, sa directrice. L’association Cop1 met à disposition des étudiants une plateforme regroupant l’ensemble des aides dont les étudiants peuvent bénéficier. Pendant la période estivale, l’association Cop1 a mené une étude auprès des étudiants : 72 % affirmaient avoir eu des difficultés dans le Maine-et-Loire à trouver un logement. « Il ne faut pas oublier qu’en plus de la pénurie, les loyers sont de plus en plus élevés. Il devient difficile de payer de suivre pour un étudiant », complète Axelle Guillard.
« Il n’y a aucune ville en France qui construit autant de logements étudiants que la nôtre »
« A chaque rentrée, nous sommes alertés sur le fait que des étudiants se retrouvent à la rue, souligne Céline Véron (Place publique), conseillère municipale d’opposition (Aimer Angers). Il n’y a pas assez de logements étudiants à Angers, accessibles à tous, c’est une évidence. La majorité a préféré la construction de résidences étudiantes privées luxueuses au lieu de résidences Crous ».
Du côté de la municipalité, la vision est légèrement différente : « Il n’y a aucune ville en France qui construit autant de logements étudiants que la nôtre. Entre 2019 et 2026, ce sont 3 400 logements étudiants qui vont sortir de terre. Effectivement, nous avons eu un décalage sur le logement public, entre le moment où nous souhaitions la construction de ce type de logement et sa réalisation, explique Benjamin Kirschner, adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante. Il faut remettre la situation en perspective : il y a dix ans, Angers perdait des habitants. Que ce soit les bailleurs ou le Crous, aucun n’avait envie d’investir dans des résidences étudiantes, car il n’y avait pas de besoin. Entre le moment où nous décidons de construire et la livraison, il peut se passer entre trois à cinq ans. »
« La majorité aurait dû anticiper cette problématique. L’implantation de nouvelles écoles allaient forcément attirer davantage d’étudiants », estime de son côté Céline Véron. Un avis partagé par le président de l’Unef Angers : « La mairie, avec le Crous, doit construire davantage. Cela fait des années que nous le demandons. Il faut que les élus prennent leurs responsabilités. »
« L’offre de formation à Angers est très importante. Nous sommes désormais dans un territoire qui est particulièrement attractif. Le coût de la vie, logement compris, reste toujours moins élevé à Angers que dans la plupart des autres grandes villes étudiantes de France », affirme Benjamin Kirschner.
620 logements étudiants à Belle-Beille
A la rentrée 2025, un peu plus de 600 logements étudiants vont voir le jour sur le campus de Belle-Beille. Angers Loire Habitat sera chargé de la construction et le Crous de la gestion.
« Il était temps ! C’est évidemment une bonne chose que la collectivité travaille enfin avec le Crous pour trouver des solutions. En attendant, il existe des solutions d’urgence comme des conteneurs ou des tiny houses. Nous serions favorables à des assises du logement, car c’est une problématique qui ne touche pas que les étudiants », appuie Céline Véron.
Pour l’adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante, « il y a aujourd’hui une concentration trop importante d’étudiants dans certains quartiers de la ville. Nous sommes heureux d’être une ville étudiante, mais il ne faut pas créer de déséquilibre. Nous devons avoir une vision au niveau de l’agglomération. Ce n’est pas souhaitable que 95 % des étudiants de l’agglomération résident à Angers. Aucune autre ville étudiante de la même taille n’a une telle concentration dans la ville centre ».
Une application pour aider à trouver un logement
« Le nombre de logements qui voient le jour reste inférieur à l’augmentation de la population estudiantine », juge Jozsef Pataki, président de la Fédération étudiante des Associations de l’Anjou (Fé2A).
« Lorsqu’une école créée une nouvelle formation et attire de nouveaux étudiants, il faut qu’elle se demande s’il y a assez de logements pour les accueillir », estime le président de la Fé2A. Même son de cloche du côté de Benjamin Kirschner : « Chaque établissement a également son rôle à jouer pour ne pas faire venir de nouveaux étudiants si l’offre de logements n’est pas suffisante ».
Du côté de la Fé2A, plusieurs dispositifs sont mis en place pour tenter d’aider les jeunes à se loger. L’opération baptisée « Un lit pour la nuit » permet aux personnes ayant un canapé ou une chambre disponible de proposer un logement temporaire aux étudiants sans solution d’hébergement. La Fé2A se charge de traiter les données et de mettre en relation les hébergeurs et futurs hébergés. L’initiative qui était en pause cette année fera son retour à la rentrée 2024 avec une application actuellement en développement.
Par Sylvain Réault.