Une étude de l’Insee, publiée le 19 décembre 2023, révèle une croissance généralisée des difficultés de recrutement dans les Pays de la Loire, affectant de nombreux secteurs.
Depuis huit ans, les Pays de la Loire font face à une hausse des difficultés de recrutement touchant toutes les catégories professionnelles.
« Les tensions sur le marché du travail peuvent s’expliquer par les salaires et les conditions de travail qui rendent certaines filières peu attractives, ainsi qu’une offre de formation insuffisante ou une orientation inadaptée pour trouver des salariés qualifiés », explique l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans une étude publiée le 19 décembre dernier.
De nombreux secteurs touchés
L’étude révèle une croissance généralisée des difficultés de recrutement, affectant divers secteurs. En 2023, parmi les 205 000 projets de recrutement anticipés, 69 % sont considérés comme difficiles par les employeurs, contre 37 % huit ans auparavant.
« L’intensité d’embauche constitue le facteur de tension le plus important dans la région. Elle est considérée « très tendue » pour plus de la moitié des métiers. Plus les employeurs recrutent, plus ils ont à chercher des candidats et à réitérer le processus », indique l’Insee.
Les secteurs des fonctions sociales et médico-sociales connaissent la plus forte hausse, avec une augmentation de 43 points entre 2015 et 2023. Les métiers liés à la distribution et à la logistique, ainsi que les emplois dans les secteurs du bâtiment, font également face à des difficultés croissantes.
« Les employés de libre-service et les caissiers sont devenus très difficiles à recruter, avec une augmentation respective de 62 points et 59 points entre 2015 et 2023. De même, 5 300 projets de recrutement sont prévus pour les ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires en 2024 ».
Des conditions de travail difficiles
Les conditions de travail difficiles et précaires ont amplifié les défis de recrutement dans des corps de métiers tels que les infirmiers et les agents de services hospitaliers, ainsi que dans la distribution.
« Les tensions se sont accrues très fortement après 2019 pour les métiers particulièrement exposés pendant la crise sanitaire. Les conditions de travail y sont en général difficiles et les emplois souvent précaires avec des temps partiels ou des contrats courts », poursuit l’étude.
Les conducteurs routiers connaissent également une hausse des difficultés concentrée sur la période 2015 à 2019, en raison des conditions difficiles de travail, telles que des horaires contraignants et des déplacements longs, amplifiant ainsi les tensions.
Une croissance démographique importante
Les besoins liés à la croissance démographique accentuent également les tensions dans certains secteurs professionnels des Pays de la Loire.
Les conducteurs de transport en commun sur route voient leurs difficultés de recrutement augmenter de 43 points entre 2015 et 2023, atteignant ainsi 96 % de projets jugés difficiles en 2023.
Dans les services aux particuliers, tels que les aides à domicile et les aides ménagères, les difficultés de recrutement sont en augmentation depuis 2015, avec une hausse de 28 points : « Les projets de recrutement dans ces métiers atteignent l’un des niveaux les plus élevés de la région, avec 5 900 prévus en 2023, répondant à la croissance et au vieillissement de la population. »
Certains métiers du bâtiment, confrontés à des difficultés déjà importantes en 2015, ont vu ces problèmes s’accentuer principalement jusqu’en 2019. Les électriciens du bâtiment (+48 points), les plombiers (+35 points) et les maçons (+30 points) font face à une demande croissante en raison d’un manque de personnel formé et d’une forte demande dans le secteur de la construction et du bâtiment.
La situation s’est également détériorée pour des métiers moins qualifiés, tels que les ouvriers non qualifiés du gros œuvre du bâtiment, avec une augmentation de 42 points.
Peu d’évolution pour les saisonniers
Cependant, certaines professions connaissent des évolutions limitées des difficultés de recrutement entre 2015 et 2023 : « Les métiers à forte saisonnalité, caractérisés par des conditions de travail astreignantes et des contrats non durables, restent relativement stables. »
Les salariés agricoles, notamment les maraîchers et horticulteurs salariés (90 % de projets saisonniers), ainsi que les éleveurs salariés (60 %), présentent des tensions de recrutement qui évoluent peu ou diminuent légèrement sur la période, respectivement +5 points et -1 point.
Dans les fonctions d’encadrement, bien représentées dans les grandes agglomérations, les difficultés de recrutement, déjà élevées en 2015, progressent légèrement, la part de projets jugés difficiles passant de 67 % à 73 % en 8 ans. Depuis 2019, cette part est même en baisse de 4 points.
Enfin, certaines professions, notamment dans le spectacle vivant, semblent structurellement peu en tension malgré la non-durabilité de l’emploi, avec une main-d’œuvre disponible, caractérisée par des contrats courts ou à temps partiel, notamment pour les artistes (musique, danse, spectacles) et les professionnels des spectacles.