C’est à Angers que l’association AFéMuse ambitionne de créer le premier musée français dédié à l’histoire des féminismes, un projet soutenu par l’Université d’Angers, mais qui se heurte à des défis financiers et logistiques.

La bibliothèque universitaire de Belle-Beille accueillerait le musée des Féminismes – © Archives – Angers.Villactu.fr
Depuis novembre 2022, l’association AFéMuse porte un projet ambitieux : la création du premier musée français dédié à l’histoire des féminismes.
Conçu comme un espace de valorisation des collections du Centre des archives du féminisme, situées à la bibliothèque universitaire de Belle-Beille, ce musée a pour vocation de rassembler œuvres, objets et documents retraçant les luttes pour l’émancipation des femmes et contre les discriminations de genre et d’orientation sexuelle. L’initiative repose sur des collectes, des dons et des acquisitions destinées à enrichir les collections préexistantes.
Un futur en construction
Si le projet a suscité un large enthousiasme à son annonce, le 8 mars 2023, son aboutissement prendra quant à lui plus de temps que prévu. « Un musée ne se construit pas en deux ans », rappelle Christine Bard, professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers et porteuse de l’initiative. Initialement annoncé pour 2027, le musée ne dispose pas encore d’une date d’ouverture définitive.
La question du financement demeure un enjeu central : « Nous devons convaincre des partenaires institutionnels et privés, indique Christine Bard. La création d’un musée implique des investissements significatifs, tant pour la conservation des collections que pour l’aménagement d’un espace d’exposition pérenne ». Pour l’heure, le projet repose en grande partie sur le travail de bénévoles, même si l’AFéMuse a récemment recruté une cheffe de projet chargée de structurer l’initiative.
L’association fait état de plus de 150 000 euros levés grâce à des subventions provenant du ministère de la Culture, du secrétariat d’État à l’Égalité et de la Fondation des femmes. « Ces subventions nous permettent d’avancer dans la préfiguration, mais ne suffisent pas pour créer un musée », souligne Françoise Grolleau, présidente de l’Université d’Angers.
Si l’enthousiasme des porteurs du projet est manifeste, des incertitudes demeurent quant à la pérennité et à la forme que prendra le musée des féminismes. « L’un des enjeux majeurs est de définir un modèle viable et attractif, capable d’attirer aussi bien des universitaires que le grand public. Nous devons trouver le juste équilibre entre un espace de recherche et un lieu accessible à tous », explique Françoise Grolleau.
Un projet ancré dans l’histoire des luttes féministes
L’idée d’un musée consacré aux féminismes n’est pas nouvelle, il est même « un vieux rêve des féministes », rappelle Christine Bard.
« Au début du XXe siècle, certaines militantes avaient déjà entrepris de collecter des archives et de préserver des objets témoignant des combats féministes. Des initiatives similaires ont vu le jour aux États-Unis et en Angleterre, mais jamais en France. Dans les années 70, l’association Choisir de Gisèle Halimi avait envisagé un « musée de l’aliénation féminine », tandis qu’un projet de « Musée de l’histoire des femmes » avait été porté à Paris avant d’être abandonné », poursuit-elle.
Angers dispose pourtant d’un terreau favorable, car la ville détient déjà les archives du féminisme à la bibliothèque universitaire de Belle-Beille, ainsi que Muséa, un site virtuel dédié à l’histoire des femmes et du genre.
Une exposition comme tremplin
En attendant la concrétisation du musée, des initiatives intermédiaires se multiplient. L’exposition « Les femmes sont dans la rue ! », inaugurée le 27 février dernier à la bibliothèque universitaire de Belle-Beille, préfigure cette ambition.
Conçue comme une première étape vers une structure muséale, elle vise à sensibiliser le public et à tester des approches muséographiques. « Nous pensons d’abord à des expositions temporaires et itinérantes, mais notre objectif reste un parcours permanent », affirme Christine Bard. L’exposition, qui s’achèvera dans quatre mois, servira également d’indicateur quant à l’attrait du public pour un musée des Féminismes.
Par Eline Vion.
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