À l’approche des annonces de subventions publiques pour 2025, la présidente de l’Université d’Angers, Françoise Grolleau, appelle les collectivités et parlementaires à soutenir l’établissement face à des difficultés budgétaires croissantes.
Vendredi 8 novembre dernier, Françoise Grolleau, présidente de l’Université d’Angers, a rassemblé des élus et parlementaires de Maine-et-Loire pour une conférence visant à exposer la situation financière critique de l’établissement.
Cette rencontre intervient à l’approche des annonces concernant les subventions pour charge de service public (SCSP) pour 2025, dont dépend une part substantielle du budget de l’université. Face à des déficits budgétaires persistants et à des perspectives financières peu favorables, la présidente de l’université a sollicité le soutien des élus pour défendre la pérennité de l’institution.
Des défis budgétaires persistants
L’Université d’Angers, qui accueille près de 27 000 étudiants, bénéficie actuellement d’une SCSP de 144 millions d’euros pour 2024, un montant que Florence Grolleau juge « insuffisant au regard des besoins de l’établissement ».
Dès sa prise de fonctions en février 2024, la présidente a engagé un plan de réduction des dépenses, abaissant de 28 % les budgets de fonctionnement des différents services et directions : « Ces mesures nous ont permis d’améliorer notre situation, mais elles ne suffisent pas à compenser le sous-financement historique dont souffre notre université », a-t-elle expliqué aux élus locaux et parlementaires présents.
En plus de ces coupes budgétaires, l’Université d’Angers a limité le recrutement de nouveaux personnels et fait appel à l’expertise de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) pour analyser sa situation financière.
La présidente s’était également jointe à 80 autres présidents d’université pour signer une tribune dans Les Échos, appelant à une revalorisation des financements publics de l’enseignement supérieur.
Outre les difficultés internes, l’Université d’Angers est confrontée à des mesures nationales qui pèsent lourdement sur ses finances.
« La hausse des cotisations pour les pensions de la fonction publique, imposée par le gouvernement, va alourdir les charges de 2,1 millions d’euros. De plus, le versement partiel des financements prévus par la Loi de programmation de la recherche (LPR) pour 2025, représentant seulement deux tiers de l’enveloppe initialement attendue, crée un manque à gagner supplémentaire », Stéphane Amiard, vice-président en charge du patrimoine.
« Ces contraintes financières cumulées nécessiteraient un apport de dix millions d’euros pour permettre à l’université d’assurer ses missions de service public dans des conditions minimales », ajoute-t-elle.
De très bons résultats
Malgré ses difficultés financières, l’Université d’Angers reste un modèle en termes de réussite étudiante. Son taux de réussite en licence générale atteint 70,3 %, soit 24 points de plus que la médiane nationale qui est de 46,3 %.
« Ce résultat permet à l’État de réaliser des économies d’environ dix millions d’euros par an, car chaque étudiant qui réussit ses études constitue une réduction de coûts pour le système éducatif et la société. Depuis dix ans, l’Université d’Angers se classe parmi les meilleures pour la réussite en licence, avec une capacité à faire plus avec moins », rappelle Françoise Grolleau.
Outre ses performances en formation, l’établissement angevin développe des ressources propres, notamment à travers ses activités de recherche, qui augmentent chaque année. « Nous avons l’habitude d’innover et de chercher des financements complémentaires, mais le système a ses limites », souligne-t-elle.
Un appel à l’action collective des élus et parlementaires
Lors de la conférence, les élus et les parlementaires de Maine-et-Loire « se sont montrés sensibles à la situation de l’université ».
L’ensemble des participants a convenu de porter une voix commune auprès du ministère de l’Enseignement supérieur pour défendre les besoins financiers de l’Université d’Angers : « Un courrier détaillant la situation de l’établissement devrait être envoyé prochainement au ministre Patrick Hetzel pour solliciter une audience et plaider en faveur d’une réévaluation de la SCSP », annonce l’université.
À travers cette démarche, l’Université d’Angers espère obtenir une augmentation de la SCSP, essentielle pour équilibrer le budget de l’institution. Actuellement en déficit de 8,6 millions d’euros, l’université ne dispose que de faibles marges de manœuvre pour réduire encore ses coûts sans compromettre la qualité de l’enseignement et de la recherche.
« Ce que nous demandons, c’est une juste réévaluation de notre subvention, qui est la clé de voûte pour assurer notre mission de service public », insiste Françoise Grolleau.
Par Eline Vion.
Suivez toute l’actualité d’Angers sur la chaîne WhatsApp d’Angers Villactu.