En cette période de confinement, Angers Villactu a décidé de donner la parole à différents acteurs de l’Anjou. Aujourd’hui, Rim Ridane, double championne du Monde de boxe française, hypnothérapeute et conférencière, nous livre son regard sur la période que nous traversons.
Comme l’ensemble des français, la sportive Rim Ridane est confinée à son domicile. Particulièrement active sur les réseaux sociaux, elle organise régulièrement des lives sur le réseau social Instagram autour de la boxe ou du développement personnel. La trentenaire, hypnothérapeute libérale, accompagne également les soignants de manière bénévole durant cette période où ils sont mis à rude épreuve.
Comment allez-vous en cette période particulière ?
Je vais très bien ! Comme je disais lors d’un live, c’est important de s’adapter et de mettre des mots sur ce qu’on ressent pour se sentir bien. J’ai la chance d’avoir travaillé sur le sujet et d’être en mesure de mettre en application ce que j’ai appris pendant cette période un peu moins facile. Je fais en sorte de me concentrer sur mes activités plutôt que sur l’actualité sinon je déprimerais comme tout le monde. J’essaie de me rendre utile en accompagnant le personnel soignant à travers des séances d’hypnose.
Arrivez-vous à adapter vos activités professionnelles et sportives ?
Professionnellement, je suis dans la même situation que toutes les personnes qui sont à leur compte. Mon activité d’hypnothérapeute ou de préparatrice mentale auprès de sportifs est bloquée. J’ai quand même cette opportunité d’intervenir auprès du personnel soignant ou des forces de l’ordre pour maintenir une activité même si elle est bénévole. Pour mes entraînements sportifs, j’ai la chance d’avoir un peu de matériels chez moi, mais ce n’est pas aussi efficace que lorsque je suis en salle. Je n’ai pas d’interaction avec un coéquipier. J’essaie de faire du renforcement musculaire, travailler techniquement et en explosivité afin de garder la forme pour reprendre dès que cette période sera terminée. Je suis dans l’attente concernant les championnats du monde prévus en septembre. Tant que je n’ai pas d’information officielle sur une annulation ou un report, je continue de m’entraîner. C’est important de garder des objectifs et de s’y tenir, à la fois moralement et physiquement.
Pouvez-vous nous parler des lives que vous organisez sur Instagram ?
J’ai commencé à les faire, car je me suis rendu compte que beaucoup de personnes ne savent pas comment s’entretenir physiquement seules. Souvent, les personnes ont besoin de quelqu’un ou d’une interaction extérieure pour pouvoir garder le moral. J’organise plusieurs types de lives. Le premier c’est sur la préparation physique, tous les jeudis à 18h30. Il met en lien la boxe, le renforcement musculaire et le cardio. C’est pour tous les niveaux, car je ne veux pas des lives spécifiques aux sportifs comme ils savent déjà s’entraîner seuls. Je vais mettre en place des lives pour des assouplissements afin de permettre aux personnes de travailler sur la respiration et les étirements. Le travail de détente musculaire est important pour garder le moral et bien se sentir. Enfin, je fais des lives sur la gestion des émotions pour permettre notamment de mieux comprendre ces émotions, de mettre des mots dessus et d’avoir des outils pour pouvoir les gérer.
Organisez-vous vos journées pour rester active malgré le confinement ?
J’essaie d’avoir une « journée type ». C’est d’ailleurs un des outils que je présente en live et en conférence. Je m’entraîne tous les matins ensuite l’après-midi je prends toujours un temps pour moi. Les gens ont parfois l’impression que ne rien faire est une perte de temps, alors que non. Cette période de confinement est intéressante car on apprend à s’ennuyer. C’est indispensable pour l’éveil de l’esprit, ça permet de se focaliser sur d’autres choses que sur les sollicitations extérieures. Je prends toujours une demi-heure après avoir mangé pour écouter de la musique, me détendre, faire une introspection sur moi-même. C’est quelque chose qu’on a pas l’occasion de faire habituellement. Je travail ensuite sur des articles ou mes conférences. Le soir, j’ai les séances d’hypnoses avec les professionnels de santé.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui ont des difficultés à supporter cette période ?
Le premier conseil, c’est qu’à partir du moment où on ressent une émotion négative, il faut se poser, prendre quelques instants pour comprendre ce qu’est cette émotion. Est-ce que c’est de la peur, de la colère, de la tristesse… Il a été prouvé scientifiquement qu’à partir du moment que l’on arrive à mettre un mot sur une émotion celle-ci diminue. Dans un deuxième temps, il faut comprendre pourquoi cette émotion est présente. A partir du moment où on arrive à se dire qu’on est en train d’interpréter une émotion alors on peut déjà la modifier. On peut déjà se dire qu’en l’interprétant on fait le choix de la voir négativement. Il faut se demander si je peux trouver le moyen de faire le choix de la voir positivement. Le deuxième conseil, ça serait d’écrire ses émotions. Ecrire permet d’évacuer, surtout si on est seul. Ça permet de mieux comprendre ce que l’on ressent et de ne plus être dans l’inconnu. Organiser ses journées pour ne pas s’ennuyer et se sentir utile pour soi-même est également une bonne chose. En cette période de confinement, il est quand même possible de faire plein de choses comme découvrir de nouvelles activités.
Comment envisagez-vous l’après confinement ?
Il est certain qu’il va y avoir des changements. Il va y avoir des impacts économiques, professionnels, sociétaux… Maintenant, la question c’est de savoir ce que nous allons en faire. Comment profiter positivement de ces impacts pour pouvoir avancer et s’épanouir encore d’avantage. Pour ma part, ça se traduit sur la poursuite de l’entraînement si les championnats sont maintenus. Dans le cas contraire, ça laissera du temps pour autres choses comme le développement de formations, interagir d’avantage avec les personnes qui seront souffrantes de l’après confinement. Éventuellement être encore plus en interaction avec le personnel soignant et travailler avec eux. La question est comment être utile et comment permettre aux gens de mieux vivre ce qui nous attend après.
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