Economie

Les Ardoisières de Trélazé vont fermer

Le directeur des Ardoisières de Trélazé a annoncé lundi matin aux 153 employés la fermeture prochaine de ce site emblématique de l’Anjou.

En difficulté financière depuis plusieurs mois, les Ardoisières situées à Trélazé vont fermer. Le directeur Philippe Dufour a annoncé la nouvelle aux représentants du personnel.

L’épuisement du gisement est à l’origine de la fermeture de ce site industriel emblématique qui emploie toujours 153 salariés.

Le site de Trélazé était le dernier encore en activité en Maine-et-Loire.

« Pour les dix premiers mois de l’année 2013, les pertes d’exploitations se sont élevées à 4 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros », indique l’entreprise.

Les Ardoisières d’Angers ont indiqué leur détermination « à proposer à chacun des 153 salariés des mesures personnalisées : reclassements en France dans le groupe Imerys, aménagement de fin de carrière, continuité professionnelle locale, accompagnement à la réalisation de projets personnels, mesure de formation ».

Ce mardi matin, la direction a toutefois annoncé qu’une activité serait malgré tout maintenue sur le site.

« Nous allons continuer de valoriser les rebuts d’ardoise. Qu’on utilise sous forme de matériaux dans l’aménagement paysager. Cette activité marginale mais malgré tout importante pourra continuer d’employer sept personnes. »

Une nouvelle qui aura des conséquences importantes sur le bassin d’emploi angevin et dans la ville de Trélazé qui compte plus de 1 300 demandeurs d’emploi, soit 24 % de la population active.

Peu après cette annonce, de nombreux élus ont réagi à cette fermeture.

Laurent Gérault (conseiller régional et conseiller municipal UDI) : « Avant d’être un site industriel, les Ardoisières de Trélazé étaient d’abord le site des mineurs, de leurs familles, de leur Histoire. C’est toute l’agglomération angevine qui est marquée par cette décision. Quel terrible constat entendu ce jour : « il n’y a plus assez de gisements, plus assez de veines ». Les veines dont on parle sont aussi celles de ceux qui y ont vécu et pour certains même y ont laissé leur vie. C’est un drame humain, un drame pour notre territoire. Dans les semaines à venir, il faudra s’attacher pleinement, efficacement à l’accompagnement des personnels, et une mobilisation commune de l’ensemble des collectivités compétentes. La Région des Pays de la Loire et l’agglomération d’Angers auront à ce titre un rôle essentiel. »

Jean-Claude Antonini (Président de l’agglomération) : « L’histoire de notre territoire est intimement liée à l’exploitation de l’ardoise. Les Ardoisières d’Angers font partie de notre patrimoine. Elles ont façonné nos esprits autant que nos paysages. Aujourd’hui, il semble que l’activité du site trélazéen s’arrête non pas faute de mauvais choix stratégiques ou d’une mauvaise conjoncture, mais faute d’avoir pu trouver de nouveaux gisements à exploiter. C’est un jour de grande tristesse pour l’agglomération angevine.  Par-delà le symbole, il y a la réalité économique et sociale. L’entreprise contrainte de fermer, ce sont 140 salariés dont l’activité professionnelle est suspendue. Nous pensons d’abord à eux et à leurs proches. Face à eux s’ouvre aujourd’hui une période d’incertitudes qu’ils vont devoir gérer sur le plan émotionnel. Nous savons déjà la solidarité que les Angevins ne manqueront pas de leur témoigner. Aux côtés de Marc Goua et de la Ville de Trélazé, l’Agglomération sera vigilante à ce que le Plan de sauvegarde de l’entreprise soit le plus favorable possible aux salariés en leur offrant un large panel de propositions permettant au plus grand nombre de trouver une solution pour rebondir. Quoiqu’il en soit, il devra prévoir d’aller plus loin que les dispositifs légaux. »

Frédéric Béatse (Maire d’Angers) : « Je veux dire toute ma solidarité à l’égard des salariés, de leurs familles et tout mon soutien à Marc GOUA qui m’a tenu informé de cette décision désormais officielle de la fermeture des Ardoisières.
C’est un moment important dans l’histoire de ces hommes et de ces femmes, de la commune de Trélazé, mais aussi de toute l’agglomération, car l’histoire des Ardoisières est un pan particulier de notre patrimoine industriel et humain.
Je sais que le maire de Trélazé va déployer beaucoup d’énergie pour accompagner les salariés et je souhaite que toutes les collectivités et responsables politiques puissent accompagner ses efforts afin que cette situation tragique puisse être vécue dans les meilleures conditions pour les salariés.
»

Marc Goua (Maire de Trélazé) : « La fermeture programmée des Ardoisières est « un drame pour les mineurs et leurs familles. Il faut absolument que l’accompagnement des personnels soit exemplaire. J’en appellerai à l’Etat et aux collectivités territoriales, Région, conseil général, Agglo pour déployer les dispositifs adéquats. Trélazé s’est construit pendant des siècles sur l’ardoise. L’arrêt de l’activité ne peut laisser personne indifférent. Ce lundi matin, j’ai réuni les membres de la majorité municipale pour les informer en temps réel de la communication de la direction des Ardoisières aux représentants du personnel. Jeudi, en conseil municipal, je ferai une déclaration à ce propos. J’ai invité Hervé Sabba, le délégué syndical CGT, à venir s’exprimer lors d’une suspension de séance. »

Grégory Blanc (conseiller général du secteur de Trélazé) : « La fermeture des Ardoisières ne concerne pas que Trélazé, elle concerne tout l’Anjou. Cette entreprise est structurante du territoire : c’est comme si Cointreau fermait. Il appartient désormais à tous les acteurs, au premier rang desquels le groupe Imerys, d’engager le dialogue pour trouver des actions concrètes en faveur des salariés et faciliter la reconversion du site, pourquoi pas d’ailleurs toujours autour de l’ardoise. Il ne faut pas oublier que Trélazé est sans doute la commune du département la plus durement frappée par la précarité avec un taux de chômage de 24 %. Pour survivre, elle n’a pas d’autre choix que d’être dynamique ».

Christophe Béchu (Président du Conseil général de Maine-et-Loire) : « L’annonce de cette nouvelle mauvaise nouvelle ne peut que susciter une immense émotion, pour le Maine-et-Loire et encore plus pour le bassin d’Angers. Cette émotion est liée à la fermeture d’un site industriel avec toutes les conséquences humaines qu’on imagine. À quelques semaines des fêtes de Noël, c’est pour toutes les familles directement touchées un énorme coup de massue. Cette fermeture est aussi éminemment symbolique parce qu’elle touche à l’identité même de notre territoire, « l’Anjou Bleu », avec tout l’héritage que ça représente. Je ne veux pas être dans un autre registre, pour l’heure, que celui du choc affectif. J’ai simplement fait part au préfet de mon entière disponibilité aux côtés de tous ceux qui voudront se mobiliser pour trouver des solutions. »

Jean-Luc Rotureau (élu de la minorité au Conseil général et conseiller municipal) : « C’est une nouvelle dramatique pour les salariés et leurs familles. Il est indispensable que toutes les collectivités avec l’Etat aident les salariés à se reclasser et imaginent ensemble l’avenir de ce site. »

Alain Pagano (leader du PC en Anjou) : « Les réactions politiques tombent pour adresser des condoléances aux mineurs. Mais les ardoisières ne sont pas mortes ! L’ardoise a encore un bel avenir devant elle… si les politiques font preuve de volontarisme. Il faut en urgence légiférer et faire respecter les lois pour que les ardoises de Trélazé couvrent les bâtiments patrimoniaux et les bâtiments publics à couverture en ardoise. Il faut investir rapidement et massivement dans des travaux préparatoires permettant une production d’ardoise de qualité. »