Dans le cadre de la fête de l’Europe, Denis Mukwege, ancien étudiant de la Faculté de santé de l’Université d’Angers et prix Nobel de la paix 2018, est de retour en Anjou pour deux jours de conférences. « L’homme qui répare les femmes » fait également l’objet d’une exposition à l’Université d’Angers et au CHU, visible jusqu’au 9 juin.
Ce lundi 9 et mardi 10 mai, Denis Mukwege, connu dans le monde entier comme gynécologue et militant des droits de l’homme, est présent à Angers. L’homme qui a notamment été formé à l’Université et au CHU d’Angers, a reçu le prix Nobel de la paix en 2018 pour le travail qu’il mène dans son hôpital de Panzi à Bukavu. Il y soigne notamment des femmes ayant subi des mutilations génitales, dans des régions où le viol est utilisé comme arme de guerre. « Votre parcours est exemplaire », a rappelé Christian Roblédo, président de l’UA d’Angers, lors d’un échange avec la presse.
Avec ses équipes, le docteur propose un accompagnement global des victimes, allant de la réparation chirurgicale, à une prise en charge psychologique, socio-économique et juridique.
Durant ces deux jours de présence à Angers, Denis Mukwege participe à deux conférences, déjà complètes, et à un ciné-débat aux 400 Coups, avec la projection du film « L’Empire du silence ».
« Je considère Angers comme ma deuxième ville après Panzi, a rappelé Denis Mukwege. J’ai appris mon métier ici. Aujourd’hui encore, des membres de mon équipe viennent se former à Angers. »
Une exposition photos jusqu’au 9 juin
À l’occasion de la fête de l’Europe, l’Université d’Angers, en lien avec le CHU, propose aux angevins une exposition photos réalisées par le photographe belge Christophe Smets. Elle est visible jusqu’au 9 juin 2022 à l’Université d’Angers (au Qu4tre) et au CHU d’Angers (chapelle Sainte-Marie et au kiosque Le Fenouil). Baptisée Sakife (Santé des femmes au Kivu), cette exposition de photos de Christophe Smets avec des textes d’Olivier le Bussy a été réalisée au Congo durant le mois de février 2022.
Originaire de Liège et habitué des voyages au Congo, le photographe Christophe Smets, avec son association « La boîte à images », a passé trois semaines à parcourir le pays. Réalisée en partenariat avec plusieurs associations, organisations non gouvernementales et universités, cette exposition permet de partir à la découverte des provinces du Nord et du Sud Kivu, à Goma, Bukavu, Kavumu, Kabaré ou encore Kalehe.
L’exposition fait la part belle aux photos qui évoquent la maternité, sujet indissociable de celui de la santé des femmes.
« J’ai voulu mettre en avant l’ampleur de la prise en charge qui va bien au-delà d’une simple prise en charge médical. C’est assez méconnu et nous voulions vraiment le mettre en avant à travers cette exposition », explique Christophe Smets.
« Dans tous les conflits, femmes et enfants paient un lourd tribut »
A l’occasion de son déplacement à Angers, Denis Mukwege a rappelé l’importance de soutenir l’Ukraine et ses habitants, où le viol est également utilisé comme arme de guerre. « C’est un mal absolu. Le bombardement d’une maternité montre que l’on perd un peu d’humanité. Il faut que l’Europe continue de lutter contre ce type d’actions, peu importe l’endroit dans lequel cela se passe. »
Il travaille notamment avec les autorités ukrainiennes pour monter un système de prise en charge des victimes de violences sexuelles. Pour le prix Nobel de la paix, il est désormais indispensable de considérer « le viol comme un crime de guerre et un crime contre l’humanité ».
« Dans tous les conflits, femmes et enfants paient toujours un lourd tribut, a-t-il rappelé. Il faut prévenir ce genre d’exactions en agissant de manière proactive. Il ne faut pas attendre les témoignages, il faut agir avant. »
Au Congo, le gynécologue a œuvré pour que dans les zones de conflits, des kits pour prévenir des grossesses non désirées soient notamment installés. « La communauté internationale doit également se positionner plus fortement pour ne plus accueillir les hommes politiques qui auront participé à des crimes sexuels. Nous devons aller plus loin », a martelé Denis Mukwege.