Le loup est-il présent dans le Maine-et-Loire ?
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Le loup est-il présent dans le Maine-et-Loire ?

Depuis de longs mois, des naturalistes et passionnés du loup affirment que ce dernier a bel et bien fait son retour dans le Maine-et-Loire, un siècle après sa disparition. L’Office français de la biodiversité (OFB) indique de son côté qu’aucune preuve formelle ne permet de le confirmer.

Loup

Le loup pourrait être présent dans le Maine-et-Loire © Photo d’illustration – Adobe Stock

Après avoir entièrement disparu du territoire français il y a un siècle, le loup est revenu naturellement par les Alpes depuis l’Italie il y a près de trente ans. « Aujourd’hui, on compte un peu plus de 900 loups en France qui se situent principalement dans les Alpes et le sud-est de la France », explique Régis Gallais, référent Pays de la Loire pour l’Office français de la biodiversité (OFB).

Dans l’Ouest de la France, un premier loup avait été aperçu en Vendée en mai 2021. Quelques mois plus tard, un cadavre de loup gris était découvert à Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique). « Il s’agit du même animal », affirme Régis Gallais. Depuis, l’animal a été repéré en Indre-et-Loire et surtout en Bretagne. Le 6 janvier dernier, un loup a d’ailleurs été filmé dans un champ à Ploubezre (Côtes d’Armor). D’autres loups ont été observés en Ille-et-Vilaine et dans le Finistère.

Le loup de retour dans le Maine-et-Loire ?

Cet animal, qui fascine autant qu’il inquiète, notamment les éleveurs, a-t-il également fait son retour dans notre département ? Si des passionnés et des naturalistes affirment que oui, l’Office français de la biodiversité (OFB) n’a jusqu’ici jamais officiellement trouvé de preuves de son retour, sans pour autant écarter cette possibilité. « Nous sommes préparés à l’arrivée du loup dans le Maine-et-Loire. Il n’est pas possible de nier la probabilité que cette espèce arrive en Anjou. Les individus présents en Bretagne sont forcément passés par notre région. La population du loup augmente. Par conséquent, il y aura de plus en plus d’individus à se promener sur le territoire », analyse Régis Gallais.

« Il s’est avéré que c’était bien un loup »

Depuis fin 2021, Fabrice (nom d’emprunt) a créé une page Facebook qui vise à « recenser toutes informations sur le retour du loup en Maine-et-Loire ». Habitant près de Beaupréau, ce passionné du loup, qui a notamment travaillé dans un parc national situé dans les Alpes, est certain que le loup est déjà bien installé dans le Maine-et-Loire. « En mai 2021, un voisin a trouvé un canidé mort dans un de ses champs. L’Office français de la biodiversité s’est déplacée, mais a estimé qu’il s’agissait d’un chien, sans faire d’analyses spécifiques. J’ai fait des recherches de mon côté, en faisant une analyse biométrique. Il s’est avéré que c’était bien un loup, très probablement braconné, car il avait un impact de balle au niveau de l’abdomen ».

Cadavre loup

Une photographie de l’animal découvert près de Beaupréau – DR.

Pour Régis Gallais, qui regrette de ne pas avoir eu d’informations à ce sujet, « le loup et le chien peuvent être très proches. Une analyse biométrique ne permet pas de les différencier, il faut passer par des analyses ADN. Certaines photos ou vidéos peuvent parfois permettre, sans analyse, d’affirmer qu’il s’agit de cette espèce ».

Deux points de vue qui s’affronte entre naturalistes amateurs et l’Office français de la biodiversité : « Nous sommes sur le terrain sans avoir le soutien de l’OFB. Ils font en sorte que l’on parle le moins possible du loup », estime Fabrice.

« Nous n’avons pas les moyens d’aller chercher des indices sur le terrain. Nous sommes en veille en fonction des retours que nous avons de particuliers. En cas de doute, des experts peuvent se rendre sur place, explique de son côté Régis Gallais qui encourage les personnes ayant des informations à se rapprocher de l’OFB. Lorsque nous formons les agents qui vont sur le terrain, nous rappelons que le loup est une espèce totalement imprévisible. Chaque remontée d’informations doit être prise au sérieux et vérifiée. Parfois, un simple échange téléphonique ou une photo, permet sans se déplacer de confirmer qu’il s’agit d’un chien ».

Patte cadavre loup

« Le fait que les pelotes supérieures soient liées à la base est caractéristique du loup de souche italienne », indique Fabrice -DR.

Selon Fabrice, aucune chance que l’animal retrouvé près de chez lui soit un chien. « Les relevés réalisés sur le crâne de l’animal confirme qu’il s’agit d’un jeune loup. Le fait que les pelotes supérieures soient liées à la base est caractéristique du loup de souche italienne ».

Cet habitant du Maine-et-Loire s’est rapproché de l’Observatoire du Loup, une association créée en 2013 qui regroupe divers spécialistes. « Ils m’ont aidé à me reformer sur le loup. Très rapidement j’ai trouvé des indices dans le département : traces, déjections, témoignages… ».

Traces loup

Des traces ont été photographiées le long de la Loire – DR.

Fabrice, en plus de ses nombreuses sorties à la recherche de preuves, s’est entouré de quelques autres pisteurs, dont l’un a pu photographier ces traces le long de la Loire : « On peut voir un pas tous les 50 centimètres environ. La patte postérieure se posant dans l’antérieure. Il n’y a qu’une seule empreinte tous les 50 à 60 centimètres. C’est typique du loup, un chien ne peut pas faire ça. »

Le loup déjà installé dans le Maine-et-Loire ?

Pour Fabrice, le loup est bel et bien « installé » dans le département. « Il ne s’agit plus de loups qui traversent le Maine-et-Loire. Ce sont des individus qui font leur vie dans le département. Des indices sont très souvent retrouvés dans les mêmes lieux, avec la possibilité de savoir s’il s’agit de mâles ou de femelles. Dans le nord des Mauges, j’ai tout de suite remarqué qu’il y avait un mâle et une femelle. J’ai désormais plusieurs indices qui vont dans le sens d’une reproduction dans le Maine-et-Loire ».

Selon Jean-Luc Valérie, membre de l’Observatoire du Loup, « les premiers passages de loups dans le Maine-et-Loire remonte à 2004 avant une installation en 2020. A ce jour, on peut estimer qu’il y a une dizaine d’individus dans le département ».

L’importance d’anticiper l’arrivée du loup

Depuis son retour dans l’Hexagone, le loup a fait couler beaucoup d’encre. Considéré comme une bonne nouvelle pour la biodiversité, son retour vire parfois au cauchemar pour des éleveurs qui voient leurs troupeaux se faire régulièrement attaquer sans possibilité de se défendre. Pour tenter de calmer la colère, l’Etat tue chaque année une centaine d’individus. Des abattages qui aggravent pourtant la situation selon de nombreux spécialistes.

« Dans le Maine-et-Loire, ça risque d’être compliqué dans les trois ans qui viennent. Les loups se contentent pour le moment du gibier sauvage. Il y a quelques attaques, mais elles sont minoritaires. Un jour, le loup s’attaquera régulièrement aux troupeaux et il sera trop tard pour réagir. En France, dans tous les départements où le loup s’est installé, l’Etat attend toujours le dernier moment pour agir. C’est en amont qu’il faut aider les éleveurs, les accompagner pour avoir des chiens de protection et s’équiper en clôtures. Avec le loup, il faut absolument anticiper », appuie Fabrice.

Un constat partagé par Jean-Luc Valérie, de l’Observatoire du Loup : « Il faut sensibiliser les gens aux comportements du loup, aider les éleveurs à s’équiper et les former. Le problème, c’est que nous avons un retard énorme en France sur le loup. »