Depuis 2016, un collectif composé de citoyens vient en aide aux personnes migrantes afin qu’elles ne passent pas la nuit dehors. Une chaîne de solidarité qui nécessite que des familles angevines ouvrent leurs portes.
Combien de migrants, adultes ou enfants, passent la nuit dehors à Angers ? Difficile de répondre à cette question. Pour faire en sorte qu’ils soient le moins nombreux possible, un collectif citoyen a vu le jour en 2016. Baptisé SOS Migrants 49, il rassemble des familles angevines qui ouvrent leurs portes, régulièrement ou occasionnellement, afin de compléter le dispositif de l’État. Ces familles sont appelées les « jokers ». Elles sont sollicitées lorsque les services sociaux n’arrivent pas à trouver une place à la halte de nuit ou une chambre d’hôtel.
« Ce n’est pas supportable de voir des enfants et des familles à la rue »
« Nous gérons les appels des travailleurs sociaux et faisons le lien avec les familles qui peuvent héberger des demandeurs d’asile pour qu’ils ne dorment pas dehors », explique Sylvie*, l’une des co-fondatrices du collectif. « Ce n’est pas supportable de voir des enfants et des familles à la rue », complète Monique*, également à l’initiative de cet élan de solidarité.
Sur l’agglomération angevine, 200 places d’hôtel sont réquisitionnées par la préfecture pour les mineurs isolés et les adultes, en complément des 60 places de la halte de nuit située près d’Espace Anjou. Des places qui ne permettent pas de répondre à une demande toujours aussi élevée. « Depuis six ans, nous avons observé un changement dans les profils. Avant, il y avait beaucoup d’hommes seuls. Aujourd’hui, nous sommes sollicités pour des familles avec parfois de très jeunes enfants », indiquent Pascal* et Marie*, famille joker au sein du collectif.
Un besoin de « familles jokers »
Ils sont ainsi une soixantaine à ouvrir la porte de leur foyer de temps en temps afin d’accueillir des migrants qui auraient passé la nuit dehors sans leur mobilisation. « Les soirs plutôt calmes il y a parfois cinq personnes à prendre en charge. D’autres fois c’est une vingtaine… », souligne Sylvie.
Pour ne laisser personne à la rue, le collectif recherche toujours des familles jokers. « C’est une relation basée sur la confiance avec les familles, raconte la co-fondatrice de SOS Migrants 49. Nous nous adaptons aux possibilités des familles, il n’y a aucune contrainte imposée ».
« On pallie le manque de l’État, mais on ne le remplace pas »
« On ne se sent pas seul et ce n’est pas du tout contraignant. Cela se fait très simplement », poursuit Constance, famille joker depuis un an avec son compagnon. « Il faut commencer doucement. Ce sont de très belles rencontres, et parfois, c’est très difficile le lendemain matin de les voir partir alors qu’il ne fait pas beau dehors », rapporte Eric qui a pu garder contact avec certaines familles qui se sont intégrées en France. « On pallie le manque de l’État, mais on ne le remplace pas », rappelle Sylvie.
Après l’Afrique et certains pays de l’Europe de l’Est, le collectif constate que de plus en plus de migrants arrivent d’Amérique du Sud. « Ce sont des profils très variés. Certains fuient un pays en guerre, d’autres sont menacés d’être tués ou risquent la prison pour avoir manifesté. Très souvent, il s’agit de protéger une jeune fille qui risque l’excision. Tous les migrants sont là pour avoir une vie meilleure même s’il y a parfois des désillusions qui sont fortes », poursuivent les membres du collectif.
« Il y a tellement de misère… On pourra monter des murs et mettre des barrières, rien n’empêchera les personnes de partir », conclut Monique.
Plus d’informations sur www.sosmigrants49.org.
*prénoms modifiés.
Par Sylvain Réault.