Longtemps épargnée par le phénomène, la ville d’Angers est depuis quelques années concernée par une multiplication des tags. La municipalité entend renforcer ses moyens pour répondre de manière plus efficace.
Contrairement à des villes comme Nantes, les tags se faisaient plutôt discrets à Angers. À la sortie de la crise sanitaire, les agents municipaux ont commencé à constater une multiplication de ces inscriptions, sur les murs, les volets, mais aussi sur les portes de garage. « Le phénomène a pris une autre ampleur lors des manifestations contre la réforme des retraites », se souvient Emmanuel Martin, responsable de l’équipe d’intervention de l’après-midi.
Si par le passé les tags pouvaient prendre la forme de symboles ou d’inscriptions difficilement déchiffrables, ce sont aujourd’hui pour la grande majorité des messages politiques. « Tous les quartiers sont concernés, mais les messages à caractère politique sont surtout présents dans le centre-ville », note Emmanuel Martin.
Une « opération coup de poing »
Auparavant, la ville comptait trois agents qui, au quotidien, travaillaient à faire disparaître les tags. Face à leur prolifération, la Ville a décidé de passer à la vitesse supérieure en renforçant les équipes. « Il y a quatre personnes qui sont venues en renfort depuis deux semaines, deux en interne et deux qui travaillent pour A Tout Métier, une association d’insertion », explique Thierry Rochais, responsable du service de la propreté publique. Cette « opération coup de poing » doit durer jusqu’au début du mois de juin pour tenter de mettre fin à cette nouvelle mode.
Il faut dire que les chiffres parlent d’eux-mêmes : le nombre de demandes d’intervention pour enlever un tag est passé de 1 600 en 2022 à 3 300 l’année passée. Chaque mois, les agents enlèvent ainsi l’équivalent de 2 000 m² de tags et réalisent douze interventions en moyenne chaque jour. « Nous avons deux mois de retard avec 800 tags à traiter », déplore Emmanuel Martin.
Une tendance qui ne s’est pas inversée en ce début d’année, avec « entre 15 à 20 demandes par jour », souligne Thierry Rochais.
Un phénomène qui touche tout le monde
Depuis quelques semaines, des villes de l’agglomération angevine sont désormais touchées par des tags dans les rues. Le CHU d’Angers n’a également pas été épargné. Pour suivre le rythme, les équipes travaillent en semaine de 5 h à 20 h et parfois le week-end. Une mobilisation qui a un coût non négligeable pour la collectivité qui a déboursé plus de 200 000 euros en 2023.
Un service gratuit
Si certaines villes font payer l’enlèvement d’un tag, la ville d’Angers a fait le choix de la gratuité. Elle encourage les propriétaires, commerçants, entreprises et syndics à déposer plainte et à prévenir leur assurance. « Chaque tag est pris en photo afin d’avoir des preuves en cas d’enquête. Les auteurs de tags s’exposent à une peine de travail d’intérêt général et à une amende pouvant atteindre 3 750 euros », rappelle Emmanuel Martin.
Plusieurs techniques
Les agents qui travaillent au quotidien utilisent différentes techniques pour effacer les tags. L’hydrogommage, à base de granulas, d’eau et d’air, permet d’effacer le tag assez rapidement, même si une trace sur le mur reste visible. La peinture fait partie des solutions, tout comme les produits chimiques, davantage utilisés sur du plastique ou du fer.