Le Chabada fait face à une situation financière critique après la suppression des aides régionales. Confrontée à une baisse de revenus, la structure tire la sonnette d’alarme.
Alors que le Chabada vient tout juste de dévoiler sa programmation, la scène emblématique angevine des musiques actuelles se retrouve confrontée à une situation critique après la suppression de l’aide de la région Pays de la Loire.
L’Adrama, l’association gestionnaire de la salle, a vu son enveloppe régionale de 41 800 euros disparaître, soit 100 % des financements régionaux alloués à ses activités.
Une décision aux conséquences immédiates
Avec un budget annuel de 1,8 million d’euros, dont près de 55 % sont alloués aux dépenses de fonctionnement, le Chabada dépend largement des subventions publiques pour mener à bien ses missions.
Ces dépenses, explique l’Adrama, permettent de « préparer la programmation, accueillir les événements et les groupes, communiquer et administrer l’activité ». Elles couvrent également des frais incompressibles comme la sécurité, la maintenance, l’électricité et le ménage.
La suppression de l’aide régionale intervient alors que l’Adrama célébrait ses 30 ans d’existence et que ses équipes anticipaient une légère amélioration budgétaire pour 2024. Pour l’association, cette décision marque « la fin d’un partenariat de plus de dix ans » et contribue à « fragiliser davantage la situation économique » de la structure.
Et les conséquences sont immédiates. L’Adrama avertit que « ce retrait se traduira par un arrêt ou une diminution des actions et une augmentation des tarifs appliqués ». Ces changements pourraient être visibles dès le printemps et s’intensifier à partir de la saison prochaine.
Des ajustements économiques et culturels
Pour faire face, l’association prévoit une série de mesures dès 2025. Parmi elles, la réduction du nombre de concerts programmés, soit environ cinq en moins dès cette année, l’augmentation des tarifs des entrées et des locations de studios, et une diminution des embauches intermittentes.
Les actions en direction des lycées, qui bénéficiaient largement des financements régionaux, seront également touchées. Près de 3 000 élèves, principaux bénéficiaires des ateliers et concerts éducatifs, pourraient être privés de ces initiatives.
Cette situation contraint l’Adrama à remettre en question ses engagements envers l’accessibilité et la diversité. « Nous devons modifier certains aspects de notre politique au détriment de l’accessibilité économique du plus grand nombre et de la diversité, qui sont pourtant des missions de service public », précise Mélanie Alaitru, directrice de l’Adrama. Cela pourrait également limiter la prise de risques artistiques, essentielle pour soutenir la scène émergente.
Un avenir incertain
« Nous trouverons des solutions, sans aucun doute. Mais nous restons avec nos interrogations et inquiétudes », confie-t-elle. L’association s’efforce de diversifier ses financements, notamment par le développement de partenariats privés et l’ouverture des espaces à des événements d’entreprise.
Cependant, l’avenir reste incertain. « Sans aides publiques, les moyens dédiés à nos activités seraient réduits ou sensiblement répercutés dans les prix payés par les utilisateurs et utilisatrices, souligne Mélanie Alaitru. Si on ne redresse pas la barre, on ferme dans deux ans ».
Cette crise reflète plus largement les tensions dans le secteur culturel, où les coupes budgétaires mettent en péril des structures associatives pourtant ancrées dans le tissu local. Face à cette situation, l’Adrama en appelle à une réflexion collective : « Nous continuons à croire en l’intelligence collective, qui seule pourra permettre de bien meilleures décisions pour notre secteur d’activité et notre territoire dans son ensemble. »
L’année 2025-2026 sera décisive pour l’avenir du Chabada et, au-delà, pour la place de la culture dans les priorités régionales.
Par Eline Vion.
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