Face à l’inflation qui impacte le budget de nombreux foyers dans le Maine-et-Loire, les associations caritatives œuvrent chaque jour sur le terrain tout en constatant une dégradation importante de la situation.
Selon le « rapport sur la pauvreté » publié par l’Observatoire des inégalités le 6 décembre dernier, le Maine-et-Loire compte 11,4 % de personnes en situation de très grande précarité. C’est moins que la moyenne nationale qui s’établie à 14,5 %. Cependant, la population du Maine-et-Loire n’est pas épargnée par la flambée des prix de l’alimentaire et de l’énergie, comme en témoignent les associations caritatives du département.
Une progression des situations précaires
Entrés dans leur 38ème campagne de collecte, les Restos du Cœur enregistrent une forte progression de la demande d’aide alimentaire. « Nous avons enregistré une hausse de 10,5 % des repas distribués lors de la période estivale de 2022. C’est la première fois depuis deux ans que nous connaissons une augmentation l’été, explique Alain Hasse, secrétaire départemental des Restos du Cœur. Nous entamons la 14ème semaine de la campagne d’hiver et nous enregistrons une hausse de 24,5 % de repas distribués. Je pense qu’il y a une augmentation de la précarité de manière générale due, notamment, à l’inflation ».
Le sentiment est partagé par Ludovic Cadeau, secrétaire général départemental du Secours populaire de Maine-et-Loire : « On continue à accueillir le public que l’on voit habituellement, mais on voit depuis un an des personnes qui, jusqu’ici, n’avaient pas besoin de notre aide. On constate qu’il y a autant de demandes que les deux années précédentes, alors qu’un apaisement de la situation était attendu. Avec les prix de l’alimentaire qui explosent, les prochains mois s’annoncent encore difficiles ».
Des collectes de plus en plus complexes
En matière d’aide alimentaire, les associations caritatives reposent sur la générosité des grandes surfaces et des fabricants de produits transformés, ainsi que des aides communautaires telles que le Fonds Européen d’Aide Alimentaire (FEAD). Cependant, les associations constatent que les quantités de ramassages s’amenuisent, rendant leur activité d’autant plus compliquée.
« Nos ramasses sont moins fructueuses depuis deux ans, faute, notamment, à la pandémie. Il y a deux ans, nous faisions 100 tonnes de collecte en mars. L’année dernière, nous n’en avons fait que 80 sur la même période. Nous avons ainsi dû refaire une collecte complémentaire au mois d’octobre », indique Alain Hasse.
Même constat pour le Secours populaire : « On récupère de moins en moins de nourriture auprès des industriels et des supermarchés en termes de quantité et de qualité. Les espaces « dates courtes » dans les supermarchés et l’arrivée d’applications qui proposent des invendus alimentaires, récupèrent désormais une partie des aliments qui nous revenaient avant ».
Davantage de bénévoles sont recherchés
« Malgré le contexte difficile, il y a toujours de la générosité chez les particuliers. Nous avons très peu de soucis de recrutement de bénévoles. Au Secours populaire, nous sommes près de 800 bénévoles, dont 300 qui viennent très régulièrement. Cependant, nous rencontrons des difficultés à trouver des bénévoles souhaitant prendre davantage de responsabilités. C’est pourquoi nous sommes toujours preneurs de bénévoles », ajoute Ludovic Cadeau.
Pour répondre à cette problématique, une journée de réflexion est organisée par le Secours populaire au sein de la Chambre de Commerce et de l’industrie d’Angers le 11 mars prochain.
Par Eline Vion.