La place laissée aux cyclistes est-elle suffisante à Angers ?
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La place laissée aux cyclistes est-elle suffisante à Angers ?

Ces dernières années, les vélos sont de plus en plus nombreux dans les rues d’Angers. Si les aménagements se multiplient, les efforts à faire sont encore nombreux.

La première vélorue a vu le jour en bord de Maine – © Archives Angers.Villactu.fr

Selon la dernière enquête mobilité réalisée par l’Agence d’urbanisme de la région angevine, entre 2012 et 2022, l’usage du vélo a doublé dans l’agglomération, passant de 3 à 6 % des déplacements. Dans le même temps, l’usage de la voiture est passé de 61 à 52 %. « Depuis 2019, sous certaines conditions, nous mettons à disposition des angevins qui achètent un vélo à assistance électrique une aide financière. Nous avons dépassé les 12 200 bénéficiaires. Désormais, nous proposons aussi une aide pour l’achat d’un vélo classique », indique Corinne Bouchoux, conseillère municipale et vice-présidente d’Angers Loire Métropole, chargée de la transition écologique et des mobilités.

Une enquête menée par la collectivité en fin d’année dernière auprès des bénéficiaires de ces aides montre une nette hausse de la pratique du vélo dans l’agglomération angevine. Parmi les personnes ayant répondu à l’enquête, plus de la moitié (68 %) des usagers s’estiment plutôt ou tout à fait satisfaits des conditions de la pratique du vélo. Les raisons qui les poussent à faire du vélo sont très majoritairement la santé (61 %) et l’écologie (56 %).

« Peu de vraies pistes cyclables »

Les aménagements réalisés à Angers ces dernières années permettent-ils aux habitants de pratiquer le vélo en toute sécurité ? Les angevins interrogés sur les réseaux sociaux sont partagés. Pour Patrice, « il y a de nombreuses bandes cyclables, mais peu de vraies pistes cyclables. Cela demande d’être très attentif ». S’il reconnaît qu’il y a du bon, comme la voie verte qui relie Angers à Avrillé, ou encore la piste cyclable de l’avenue des Hauts-de-Saint-Aubin, Pierre regrette des aménagements qui « obligent les cyclistes à quitter la route puis à y revenir, comme boulevard Auguste Allonneau ou avenue Patton ».

Parmi les lieux accidentogènes, Laurice pointe du doigt la rue Bressigny et la dangerosité de la piste cyclable dans une rue très étroite. De son côté, Sonia apprécie les pistes cyclables séparées de la circulation automobile comme celle qui longe le parc Balzac. « Il faudrait développer des pistes de ce type en centre-ville. Actuellement, le partage des voies non sécurisées avec les voitures est très dangereux, comme dans la rue Thiers », ajoute-t-elle.

« Un nouvel engouement pour le vélo depuis la crise sanitaire »

Vice-président de l’association Place au vélo, qui compte près de 300 adhérents, Pierre-Benoit Leclerc remarque « un nouvel engouement pour le vélo depuis la crise sanitaire ».

Pour l’association, les aménagements actuels ne sont pas suffisamment qualitatifs pour convaincre un nouveau public de laisser la voiture au garage. « Il y a de bons aménagements qui ont été réalisés, comme rue André Gardot, avec une piste cyclable dans les deux sens séparée du flux de circulation. Le problème, c’est qu’il n’y a pas de continuité cyclable. Ce sont des aménagements sur de toutes petites portions », note Pierre-Benoit Leclerc.

Par ailleurs, l’association comptabilise de nombreux points noirs à Angers : « le rond point de place André Leroy, la rue Bressigny, les carrefours du boulevard du Roi René, ou encore le bas du château sont des endroits dangereux lorsqu’on est à vélo ».

Le vice-président de l’association Place au vélo regrette que les travaux liés à l’arrivée des deux nouvelles lignes de tramway n’aient pas permis de créer des pistes cyclables sécurisantes. « Que ce soit avenue Patton ou sur le pont des Arts et Métiers, les aménagements n’ont pas été pensés pour les cyclistes ». « Je comprends les critiques, répond la vice-présidente d’Angers Loire Métropole, chargée de la transition écologique et des mobilités. Ce sont des travaux qui se sont achevés l’année dernière, mais qui ont été pensés il y a près de dix ans. Entre temps, nous sommes entrés dans une autre ère pour le vélo. Aujourd’hui, nous ferions autrement ».

« D’ici 2030, de très belles infrastructures pour les cyclistes vont voir le jour dans l’agglomération. Nous réalisons actuellement un important travail de concertation avec les associations, les élus et les habitants, annonce Corinne Bouchoux. À Angers, il y a de nombreux travaux liés aux réseaux d’eau ou de chaleur. Des aménagements cyclables seront réalisés lorsque ces travaux seront terminés ».

Des tensions entre automobilistes et cyclistes

Ces dernières semaines ont été marquées par de nombreux accidents dramatiques. Au mois d’octobre, l’altercation entre un cycliste et un automobiliste qui avait ensuite écrasé le jeune homme à vélo, avait particulièrement marqué la population. Pierre-Benoit Leclerc, lui-même cycliste, constate au quotidien cette dégradation des relations entre les automobilistes et les cyclistes, avec de nombreux comportements dangereux. « Aux Pays-Bas, ils ont pris la décision il y a longtemps de séparer vélos et voitures pour éviter les conflits », souligne-t-il.

« Le conflit d’usages est un vrai sujet sur lequel nous travaillons. La hausse très importante du nombre de cyclistes entraîne mécaniquement une augmentation des conflits. C’est aux collectivités de prévoir les bons aménagements. Il y a un travail qui est mené auprès des enfants de CM2 de la ville d’Angers pour leur apprendre à faire du vélo. Toutefois, nous ne pouvons rien en matière de civisme et de respect sur la route », complète Corinne Bouchoux.

Par Sylvain Réault.

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