Depuis 2021, l’association « Climat Médias » travaille à sensibiliser les médias aux enjeux écologiques et veille à ce que le climat ne soit pas relégué au second plan. L’association a lancé une campagne de dons pour se développer.
Les membres de l’association interviennent auprès d’étudiants en journalisme – DR
L’association « Climat Médias », qui a vu le jour en 2021 sous la forme d’un collectif, œuvre au quotidien à ce que les médias accordent une place toujours plus importante aux enjeux écologiques. Rencontre avec l’angevine Claire Morvan, co-fondatrice et présidente de l’association.
Angers.Villactu.fr : Comment a vu le jour l’association « Climat Médias » ?
Claire Morvan : « Nous étions plusieurs dans une boucle Whatsapp consacrée à la transition écologique. Une des participantes a posté une pétition autour de la place des enjeux climatiques dans les médias. Elle avait remarqué que parmi ses proches, ceux qui sont le moins sensibles à l’urgence écologique, sont ceux qui s’informent via les journaux télévisés. Avec quatre autres personnes, nous avons signé la pétition et avons eu envie de vérifier cette sensation. Nous voulions savoir comment les JT, qui comptent 13 millions de téléspectateurs chaque jour, traitent les sujets liés aux enjeux écologiques. En décembre 2021, le collectif Climat Médias a vu le jour. Nous avons commencé à regarder les journaux télévisés et à interpeller ceux qui font l’information sur les réseaux sociaux. En septembre 2022, nous sommes devenus une association afin de poursuivre notre travail ».
L’association a suivi le nombre de reportages liés au changement climatique – DR.
Comment fonctionne votre association ?
« L’association compte aujourd’hui une trentaine d’adhérents et près de quatre-vingts bénévoles. Ils sont notamment mobilisés pour suivre les JT des grandes chaînes comme TF1, France 2, France 3 et M6. Nous comptons plus de 7 500 abonnés sur les réseaux sociaux qui nous suivent et partagent nos interpellations. Par ailleurs, en fin d’année dernière, l’association a été reconnue organisme d’intérêt général ».
Quelles sont vos actions ?
« En septembre 2022, certains médias se sont engagés à former leur rédaction aux enjeux climatiques. À la même période est sortie la charte « Pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » à laquelle nous avons contribué. Nous participons à des tables rondes et des émissions TV, proposons des webinaires, des rapports, et mettons à disposition du grand public un Observatoire des JT sur les changements climatiques. Nous avons des discussions avec des chaînes et nous échangeons régulièrement avec des journalistes de leur rédaction sur les questions de la place de l’écologie dans leur média. Avec d’autres associations, nous avons répondu à un appel à projets de l’Ademe afin de créer un outil qui doit permettre de mesurer sur l’ensemble des médias la quantité et la qualité des informations liées aux enjeux écologiques. Cet outil doit sortir en septembre 2024. Enfin, nous avons mis en ligne une pétition qui demande à ce que le climat ait une place plus importante dans les JT et chaînes info. Elle a recueilli plus de 23 000 signatures ».
L’association a comparé la place accordée à chaque sujet – DR.
Pourquoi, selon vous, les médias parlent si peu des enjeux climatiques ?
« Les médias n’avaient pas pris conscience de l’importance du problème il y a encore quelques années. Il y a un manque de formation aux enjeux écologiques très important dans la profession. Les journalistes sont à l’image de la société. Il y a 39 % de climatosceptiques en France. La profession de journaliste n’est pas épargnée. Les médias nous disent souvent qu’ils ne savent pas toujours comment parler de cette crise. Ils ont parfois eu l’impression que leurs téléspectateurs n’étaient pas prêts à entendre parler de ces sujets. Ces derniers temps, il y a quand même de plus en plus de reportages autour de la biodiversité et des solutions à apporter à la crise climatique ».
À quoi va servir la campagne de dons ?
« Nous avons de nombreux projets d’études et de développement. Pour y arriver, nous ne pouvons pas nous appuyer que sur des bénévoles. L’argent récolté doit notamment nous permettre de salarier notre chargée de mission jusqu’à la fin de sa mission de développement de l’observatoire de la couverture médiatique des enjeux écologiques ».
La campagne de dons est ouverte en ligne jusqu’au mercredi 3 avril 2024.
Par Sylvain Réault.
