Ils apportent du soutien aux chefs d’entreprise en difficulté
Economie

Ils apportent du soutien aux chefs d’entreprise en difficulté

Trois associations de soutien aux chefs d’entreprise se sont associées pour mettre en place le dispositif VigiRéseaux qui vise à mieux accompagner les entrepreneurs en difficulté.

VigiRéseaux

Frédéric Livenais, co-responsable de l’antenne 49 de 60 000 rebonds ; Jean-Pierre Bernheim, animateur de l’antenne départementale du Groupement de Prévention agréé (GPA) ; Jean-Michel Courtois, président d’Apesa 49 – DR.

Les chefs d’entreprise se retrouvent souvent seuls face aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer. Pour les soutenir et les accompagner, plusieurs structures existent au sein du Maine-et-Loire dont le Groupement de Prévention Agréé (GPA). « La particularité du GPA est qu’il intervient auprès d’entreprises en difficulté qui ne sont pas en cessation de paiement et qui n’ont pas de problème de surendettement », explique Jean-Pierre Bernheim, animateur de l’antenne départementale du Groupement de Prévention agréé (GPA).

Le GPA Pays de la Loire a vu le jour en mars 2021, notamment pour répondre aux conséquences de la crise sanitaire. Cette structure, qui fonctionne uniquement grâce à des professionnels bénévoles, encore en activité ou à la retraite, reçoit des chefs d’entreprise en difficulté afin d’élaborer avec eux des solutions adaptées et les accompagner dans leur mise en œuvre.

« Nous constatons que près de 50 % des cas correspondent à des problèmes financiers, 25 % concernent des chefs d’entreprise qui ont été malades et le reste correspond à des problèmes entre associés », souligne Jean-Pierre Bernheim.

En 2022, le GPA a aidé 18 chefs d’entreprise contre 11 en 2021. « On constate une accélération sur le 1er semestre 2023, avec 17 chefs d’entreprise qui ont pris contact avec nous, observe Jean-Pierre Bernheim. Il y a deux raisons à cette accélération : notre notoriété grandissante et les nombreux problèmes que peuvent rencontrer les entrepreneurs ces dernières années ».

Pour l’animateur de l’antenne départementale du Groupement de Prévention agréé, un signe qui ne trompe pas est l’isolement du chef d’entreprise. « Parfois, il ne parle plus à sa famille, à ses amis. Il ne participe plus aux diverses activités qu’il pouvait avoir. Il pense souvent qu’il va s’en sortir tout seul. C’est un cercle infernal. Il faut que les personnes qui côtoient des chefs d’entreprise soient vigilants aux différents signaux qui peuvent montrer un malaise ».

Faire face à un profond mal-être

Pour les chefs d’entreprise qui seraient déjà en grande souffrance, l’association Apesa 49 (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aigüe) prend le relai. « Il y a parfois des entrepreneurs qui peuvent avoir l’impression de tout perdre et ont alors des idées suicidaires. Nous sommes dans des situations d’urgence », souligne Jean-Michel Courtois président d’Apesa 49. Grâce à des « sentinelles » qui peuvent détecter lorsqu’un chef d’entreprise ne va pas bien, ces derniers sont orientés vers Apesa qui leur offrira un soutien psychologique.

Les entrepreneurs peuvent ensuite bénéficier de cinq consultations gratuites auprès de psychologues, entièrement payées par Apesa qui fonctionne notamment grâce à des dons.

Rebondir après les difficultés

L’association 60 000 rebonds, qui existe au niveau national depuis 2012, aide quant à elle les entrepreneurs à rebondir vers un nouveau projet professionnel après une liquidation judiciaire. Le Maine-et-Loire compte une trentaine de bénévoles. En 2022, 17 personnes ont été accompagnées et 12 sont en cours d’accompagnement. « Chaque entrepreneur est pris en charge par un parrain ou une marraine et un coach. C’est un duo qui va guider le chef d’entreprise vers son rebond professionnel, que ça soit dans le salariat ou l’entrepreneuriat», explique Frédéric Livenais, co-responsable de l’antenne du Maine-et-Loire.

De nombreux experts (banquiers, avocats, psychologues, experts comptables…) entourent le chef d’entreprise pour l’aider sur un maximum de 24 mois. « Nous avons 96 % de taux de réussite. 30 % retournent dans l’entrepreneuriat et 70 % dans le salariat », note Frédéric Livenais.

Repérer rapidement les signaux de détresse

Les trois associations se sont réunies sur le plan local pour mettre en place le dispositif VigiRéseaux. Ce dernier doit permettre de soutenir ces chefs d’entreprise dès les premiers signaux de détresse en s’appuyant sur des vigies situées dans les réseaux professionnels et d’entreprises. Ces vigies ont vocation à détecter les dirigeants en difficulté et les orienter confidentiellement vers les associations en mesure de leur apporter un soutien.

« Le gros problème que nous avons dans les organisations professionnelles, c’est que les personnes parlent très peu de l’échec. C’est un sujet tabou en France », observe Frédéric Livenais.

Le dispositif VigiRéseaux est ouvert à tous les organismes en contact avec les chefs d’entreprises. Chaque adhérent nomme une ou deux personnes (Vigies) qui reçoivent une formation afin d’aborder ces situations difficiles auprès du chef d’entreprise, lui proposer une assistance et l’orienter vers la structure appropriée à son besoin de soutien.