La rentrée signifie pour de nombreux angevins la reprise des transports en commun. Cette année, contrairement à 2016, la hausse des tarifs sera très faible. Parallèlement, plusieurs villes de France font le choix de la gratuité.
Depuis le 1er septembre, l’agglomération de Niort (120 000 habitants) propose un réseau de transports en commun entièrement gratuit. La préfecture des Deux-Sèvres fait désormais partie de la trentaine de villes moyennes ne faisant plus payer l’accès aux transports en commun, comme les villes de Châteauroux, Aubagne, Compiègne et bientôt Dunkerque.
« La CAN deviendra ainsi le plus grand réseau de transports publics sous le modèle de libre accès en France », indique l’agglomération de Niort dans un communiqué.
« L’objectif est d’augmenter de 30 % la fréquentation du réseau, de favoriser l’accès aux transports publics à des catégories de la population ayant un pouvoir d’achat limité et d’accélérer la transition énergétique sur le territoire en réduisant notamment le trafic automobile », selon l’agglomération.
A Niort, la billetterie ne rapportait que 10 % des sommes nécessaires au fonctionnement du réseau, sur un budget de 15 millions d’euros. A Dunkerque, qui rendra son réseau gratuit en septembre 2018, le coût du transport collectif est de 50 millions d’euros alors que la billettique ne rapporte que 4,5 millions d’euros.
« Quelque part, ce choix politique était faisable », explique Patrice Vergriete, le maire divers gauche de la ville.
A Angers, le conseiller communiste Alain Pagano milite de longue date pour la gratuité des transports en commun dans l’agglomération. Avec une billetterie qui compense 27 % du coût des transports publics à Angers, les élus communistes estiment que cette opération serait réalisable. Augmentation du nombre d’usagers, centre-ville plus dynamique, intérêt écologie… les bonnes raisons à ce passage au gratuit seraient nombreuses.
La gratuité du transport permettrait par ailleurs de réduire les coûts d’équipement et les frais de personnel et ainsi de faire des économies.
Enfin, la gratuité des transports en commun provoque une augmentation importante de la fréquentation, selon un rapport l’ADEME. A Châteauroux, la gratuité totale a entraîné une hausse de la fréquentation de +100 %. Selon une étude réalisée à Dunkerque, les incivilités seraient également en baisse avec le passage à la gratuité.
« Pour un développement durable du service de transport public, non à la gratuité totale ».
Ce choix, souvent très apprécié par les habitants, reste particulièrement critiqué par de nombreux élus, économistes et opérateurs.
A Angers, Christophe Béchu s’était prononcé en défaveur de cette mesure. Selon le maire de la ville et Président de la communauté urbaine, la gratuité totale coûterait chaque année plus de 15 millions d’euros à l’agglomération. Dans une période où les travaux de la seconde ligne de tramway débutent, avec un coût de plus de 250 millions, une telle opération semble difficilement envisageable sur Angers.
« La gratuité n’existe pas. C’est le contribuable qui paie in fine, qu’il s’agisse du citoyen ou des entreprises. Il est juste que le bénéficiaire d’un service s’acquitte d’une partie de son coût même s’il est légitime que l’impôt en finance aussi une part », explique à BFM Claude Faucher le délégué général de l’union des transports publics et ferroviaires (UTP) qui réunit les opérateurs de transport. « En Ile-de-France, les recettes issues des usagers des transports atteignent 50% du coût, hors investissement », ajoute-t-il.
« La gratuité des transports publics limite la progression de l’offre du point de vue qualitatif et quantitatif. Elle n’est pas une demande des utilisateurs. En outre, une fois mise en place, il est extrêmement difficile de revenir sur cette mesure », expliquait l’UTP en 2014. « Pour un développement durable du service de transport public, non à la gratuité totale ».
« En tant qu’opérateur, nous répondons aux clients qui veulent instaurer la gratuité », indique Frédéric Baverez, directeur exécutif de Keolis, l’opérateur qui gère les transports en commun sur Angers. « Mais nous ne la recommandons pas. On notera d’ailleurs que ce n’est pas du tout une demande des associations d’usagers », explique-t-il au Monde.
Toutefois, dans une période où des questions comme l’écologie, la concurrence des périphéries envers les centres-villes et l’égalité entre les citoyens prennent de plus en plus de place, cette question se pose de plus en plus régulièrement.