Malgré une baisse significative des subventions publiques, la 75ème édition du Festival d’Anjou maintient une programmation éclectique et ambitieuse.

Léopoldine HH, Vincent Dedienne et Camille Chamoux partageront la scène du château du Plessis-Macé. – © Jean-Louis Fernandez
Le Festival d’Anjou, rendez-vous incontournable du théâtre dans le Maine-et-Loire, se tiendra du 3 au 28 juin dans un contexte budgétaire tendu. Avec la suppression de 273 000 euros de subventions municipales et régionales, l’équipe dirigée par Jean Robert-Charrier a dû repenser son modèle économique.
« Pour la première fois, la part des financements privés dépasse celle des institutions », souligne Florence Dabin, présidente d’Anjou Théâtre et du Conseil départemental de Maine-et-Loire, qui maintient quant à lui son soutien financier.
Une programmation recentrée mais diversifiée
Face à ces restrictions, plusieurs ajustements ont été nécessaires. La programmation se concentre majoritairement autour du château du Plessis-Macé, qui accueillera neuf des quinze spectacles. Doué-en-Anjou et le cloître Toussaint, deux lieux emblématiques des éditions précédentes, ne feront pas partie de l’édition 2025.
Malgré ces ajustements, le festival demeurera fidèle à son identité. Il s’ouvrira avec La Serva Amorosa de Goldoni, interprétée par Isabelle Carré et mise en scène par Catherine Hiegel, les 3 et 4 juin. Deux jours plus tard, les 6 et 7 juin, place à une adaptation théâtrale du Cercle des poètes disparus portée par Stéphane Freiss : « J’ai vu ce film toute mon enfance et mon adolescence. Quand j’ai découvert l’adaptation au théâtre, j’y suis allé avec des doutes, et finalement, j’ai été conquis par la mise en scène et la troupe de jeunes acteurs », souligne Jean Robert-Charrier, directeur artistique du festival.

Le Cercle des poètes disparus reprend l’histoire du film éponyme. – © Louis Josse – JMD Production
Un hommage sera rendu à Serge Gainsbourg les 9 et 10 juin par des acteurs de la Comédie-Française dans la pièce Les Serge (Gainsbourg point barre). Les amateurs de comédie retrouveront Ça va ça va le 13 juin, un seul en scène de Camille Chamoux qui partagera ensuite la scène avec Vincent Dedienne et Léopoldine HH dans 8 soirs par semaine le 14 juin. Ces date seront suivies les 16 et 17 de Une idée géniale, une pièce de boulevard récompensée par deux Molières.
Parmi les autres temps forts au château du Plessis-Macé, on retrouvera Le Jeu de l’amour et du hasard le 18 juin, Yolo d’Aymeric Lompret le 20 juin, ainsi que le spectacle « Art », les 23 et 24 juin.
Trois pièces seront présentées au Dôme de Saumur, abordant des thématiques fortes avec notamment la Shoah dans On ne jouait pas à la pétanque dans le ghetto de Varsovie le 11 juin, ainsi que le combat contre le cancer dans 66 jours le 17 juin. Ces deux pièces seront suivies de L’Illusion comique, le 19 juin.
Euphrate, retraçant la quête identitaire d’une jeune franco-turque, sera joué au domaine Bouvet Ladubay, à Saint-Hilaire-Saint-Florent : « C’est une pièce que j’aurais aimé voir ado, au moment où je ne savais pas quoi faire de ma vie », décrit Jean Robert-Charrier.
En clôture du festival, le Grand Théâtre d’Angers accueillera La Réunification des deux Corées de Joël Pommerat, abordant la complexité des relations humaines lors de trois dates, les 26, 27 et 28 juin.

Jean Robert-Charrier et Florence Dabin ont présenté la programmation de la 75ème édition du Festival d’Anjou. – © Angers.Villactu.fr
Un festival en quête de stabilité
Malgré une édition 2024 réussie, l’inquiétude principale demeure la fréquentation pour le Festival d’Anjou. Avec 22 919 places mises en vente, contre 25 550 l’année passée, et une hausse des tarifs d’un à deux euros, la question de l’attractivité se pose pour les organisateurs. « C’est un saut dans l’inconnu de proposer autant de date au Plessis-Macé. Nous verrons si le public suit, car il y avait quand même une partie des spectateurs qui venait au Festival d’Anjou parce que c’était en plein cœur d’Angers », confie Jean Robert-Charrier.
Entre réduction des financements publics et nécessité d’attirer des fonds privés, l’équilibre est fragile. Si l’engagement des mécènes et des entreprises permet au festival de perdurer, il impose aussi des choix artistiques plus consensuels : « La mission du service public culturel est de promouvoir l’innovation et l’émergence. Avec des financeurs privés, l’attente est différente », reconnaît le directeur artistique.
La programmation complète est à retrouver sur le site internet du Festival d’Anjou. La billetterie ouvrira quant à elle le jeudi 24 avril à 12 h.
Par Eline Vion.
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