Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers vient de mettre en place l’Elytron, une unité de haut isolement, afin de renforcer la capacité de l’établissement à gérer les patients suspectés d’infections virales.
Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers vient de mettre en service une unité de haut isolement, dénommée Elytron, conçue pour faire face à des épidémies telles que celles de Fièvres Hémorragiques Virales, comme le virus Ebola.
« Ces épidémies ont marqué les dernières années par des foyers locaux, posant un risque d’introduction de cas isolés en France. En tant qu’établissement de santé de référence régionale pour le Risque Epidémique et Biologique (REB), le CHU d’Angers est en charge de la prise en charge des patients présentant des symptômes d’infections virales », explique le docteur Yves-Marie Vandamme, médecin infectiologue et référent REB.
Une première en France
Soutenue par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Pays de la Loire, l’Elytron constitue une première en France pour la gestion des risques biologiques émergents. L’unité est conçue pour être déployée rapidement, en quelques heures, afin d’assurer une réponse efficace en cas d’apparition de symptômes évocateurs de Fièvre Hémorragique Virale chez un patient.
« L’Elytron représente une réponse du CHU d’Angers face à ces menaces sanitaires de plus en plus présentes et importantes. L’épisode du Covid-19 nous a poussé à devenir proactif dans ce domaine », indique Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice du CHU.
Acquis grâce au Fonds pour la Modernisation et l’Investissement en Santé (FMIS) et au soutien de l’ARS Pays de la Loire, l’Elytron représente un coût total de 425 283 €, comprenant 325 283 € pour le dispositif et 100 000 € pour l’équipement nécessaire.
« D’une logique de tout ou rien, la gestion de crise doit évoluer vers une posture de veille permanente avec des intensités de crises variables, d’une affaire de spécialistes disposant d’une grande technicité, elle doit constituer une culture collective permettant au plus grand nombre de disposer de réflexes essentiels », soutient Karen Burban-Evain, directrice de la santé publique et environnementale de l’Agence Régionale de la Santé des Pays de la Loire.
Un déploiement en trois heures
L’avantage de ce dispositif modulaire et mobile, c’est qu’il peut être installé à proximité des services d’urgences et de réanimation médicale : « Si un patient arrive avec des symptômes compatibles avec une infection virale, l’équipe du CHU peut déployer l’unité en seulement trois heures en respectant des protocoles stricts de sécurité », poursuit le Dr Yves-Marie Vandamme.
Au total, l’unité se compose d’une salle de soins, d’un sas d’entrée pour minimiser le risque de contamination, de deux chambres à pression négative, chacune équipée d’un sas de sortie. L’air circulant dans ces chambres est traité et rejeté de manière sécurisée. Une fois déplié, l’Elytron occupe une surface de 9,3 m sur 6 m, avec une hauteur de 2,6 m.
Les objectifs de l’Elytron sont « d’isoler immédiatement le patient pour lui fournir des soins appropriés en attendant la confirmation ou l’infirmation du diagnostic, de minimiser le risque de propagation de l’infection notamment aux soignants de l’hôpital, de protéger les autres personnes présentes dans l’établissement de santé, mais également de réaliser des prélèvements dans des conditions sécurisées pour déterminer si le patient est infecté par un agent hautement pathogène », décrit le médecin infectiologue.
Une fois ces étapes achevées, le CHU peut assurer une prise en charge adéquate en fonction des résultats, soit en maintenant le patient au sein du CHU d’Angers, soit en le transférant au CHU de Rennes, reconnu comme établissement de santé de référence nationale pour le risque REB.
Un outil de formation
Depuis l’acquisition de l’Elytron, le CHU a mis en place un programme de formation pour ses équipes, avec le soutien du Centre d’enseignement en soins d’urgences (CESU). Environ 80 hospitaliers, principalement des soignants, seront formés pour répondre efficacement en cas d’alerte REB.
L’unité modulaire permet également d’organiser des formations sur les Situations Sanitaires Exceptionnelles (SSE) sur place, sans nécessiter l’utilisation de chambres d’hôpital.
L’Elytron s’inscrit dans le cadre du programme immobilier Convergences, validé par l’État en début d’année 2023. Ce projet prévoit la réorganisation des services d’Urgences, des blocs opératoires et des soins critiques entre 2029 et 2037. L’Elytron sera intégré dans le futur bâtiment des Urgences et sera complété par la création de deux chambres à pression négative en réanimation chirurgicale.
Le dispositif peut également être utilisé pour d’autres applications, notamment comme point de vaccination en période d’épidémie, pour réaliser des prélèvements biologiques. En cas d’afflux massif de patients, l’Elytron peut accueillir jusqu’à huit brancards, ce qui permet de désengorger les services d’urgence.
Par Eline Vion.
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