Taxe trottoir, hausse des prix de stationnement, crise économique… Les commerçants du centre-ville vivent une période difficile. Depuis plusieurs semaines, ils manifestent régulièrement devant la mairie afin de réclamer des changements. Rencontre avec Fabien Rebours, commerçant dans le centre-ville et porte-parole des commerçants mécontents.
A la fin du mois de septembre, sous la pression des commerçants, le conseil municipal avait retiré la délibération concernant la taxe trottoir à l’unanimité.
« Nous souhaitons nous saisir de cette opportunité avec les commerçants. Pour aller au fond des réflexions autour de l’animation du centre-ville et tous les services proposés. Il n’y a jamais eu autant d’associations de commerçants à Angers. Des débats réguliers sur l’espace public sont organisés. Il existe du dialogue et une finalité », expliquait le maire d’Angers, Frédéric Béatse.
Depuis, une rencontre entre les commerçants et le maire a eu lieu, sans que les deux parties ne parviennent à se mettre d’accord. Les commerçants ont décidé de poursuivre leur mouvement en manifestant régulièrement devant la mairie, afin de réclamer de nombreux changements : ouverture des magasins lors des fêtes de fin d’année, amélioration de la propreté dans le centre-ville, baisse des prix du stationnement, récemment augmentés. Le prochain rendez-vous est fixé au 19 octobre place du Ralliement.
Pour Angers.Villactu.fr, Fabien Rebours, gérant du Lézard Vert rue Lenepveu à Angers, fait le point sur la situation.
A.V.fr : Le maire a abandonné le projet de taxe trottoir. N’êtes-vous pas satisfait de cette décision ?
F.R : « Si je suis satisfait ? La taxe trottoir a été mise en place par Jacques Motteau (adjoint au commerce, ndlr) et voté au mois de juin pour une application au mois de janvier. Celle-ci, malgré que je paye déjà pour mes vitrines mobiles ainsi que la terrasse rue St Georges aurait couté à l’entreprise 8 500 euros par an. Ce sont-ils demandés comment allait faire les entreprises pour payer ? La solution était-elle de ne pas faire de concertations ? Si nous déposions le bilan, nous mettions notre personnel au chômage. Moi ça me scandalise !
Au mois de mars de cette année, l’élu au commerce m’a fait parvenir un arrêté municipal interdisant ma terrasse rue Lenepveu car soit disant, je ne respectais pas les marquages… Marquages effectués par les services de la voirie eux-mêmes et que nous avons toujours respectés. Le retrait de la terrasse représente 30 % de CA en moins. J’ai dû licencier 6 personnes et je poursuis la mairie au tribunal administratif de Nantes. Est-ce normal ? Non ! Nous n’avons pas à subir ça et travailler dans ces conditions.
Donc vous l’aurez compris je ne suis pas vraiment satisfait. Quand nous avons découvert la taxe trottoir et le doublement des prix du stationnement sur la ville, voté le 1 août en catimini, mon sang n’a fait qu’un tour et là nous avons dit « stop ». La mairie ne votera plus de choses aussi graves pour notre économie sans que nous en alertions l’opinion publique. La mairie pense que nous nous sommes « tirés une balle dans le pied » en alertant les angevins sur le prix du stationnement. Moi, je pense que c’est la mairie qui s’est tirée une balle dans le pied, en prenant des mesures aussi drastiques et en douce. La ville veut s’aligner sur le prix de stationnement de Nantes et Rennes ? Mais nous ne sommes pas à Nantes, à Rennes ni même à Paris, nous n’avons pas le même réseau urbain. Beaucoup de commerçants ne gagnent pas le Smic. Nous avons investi notre argent et notre énergie dans notre outil de travail, c’est notre rôle de protéger notre structure et nos salariés. Dans cette période économique difficile certains baissent le rideau, c’est dramatique ».
A.V.fr : Vous demandez aujourd’hui un effort sur le prix du stationnement. Quelles mesures réclamez-vous exactement ?
F.R : « Nous sommes partis du desiderata de la mairie : les salariés et les commerçants n’ont plus à se garer dans le centre-ville. Pour la municipalité, les commerçants doivent prendre le tramway et laisser les places aux clients. Je pense que nous ne sommes pas dans une dictature. Dans ce cas, la mairie doit mettre en place en périphérie de l’hyper-centre un réservoir de véhicules avec des abonnements raisonnables. Actuellement, un salarié doit travailler 1 heure par jour juste pour payer son stationnement. Par ailleurs, tout le monde n’habite pas sur l’unique tracé du tramway, Avrillé-La Roseraie. Nous sommes dans la vraie vie avec des enfants à mettre chez la nounou et après le travail des courses à faire avant de rentrer chez soi… Il faut que la mairie offre 1 heure de stationnement gratuite à tous sur Angers. Il faut que les Angevins puissent se réapproprier leur ville. C’est une mesure urgente à prendre. Nous avons subi les travaux du tramway, l’ouverture d’Atoll… Le centre-ville est la vitrine de notre département, nous devons rayonner. Surtout que la SARA stationnement n’est pas malheureuse. Elle fait un CA de 29 millions d’euros, pour un résultat de 561 000 euros (source infogreffe au 31/12/2011). Le stationnement reste quand même un impôt, que nul autre structure commerciale n’a à subir ».
A.V.fr : Quelles sont vos relations avec la mairie ?
F.R : « Ils nous ont reproché d’être récupérés par l’opposition. Mais la réponse est non. Je souhaite dire au maire : écoutez les commerçants, écoutez l’opinion publique, acceptez nos propositions qui sont logiques et faciles à mettre en place. Le maire m’a déjà invité à le rencontrer. Il peut réitérer. Je suis un garçon bien élevé avec des idées. »
A.V.fr : Il y a t-il réellement un problème de propreté en centre-ville ?
F.R : « Oui. Je suis en ville tous les jours, je vois et j’entends les Angevins se plaindre de la propreté mais pas seulement dans le centre-ville. Il y a de gros efforts à faire sur la propreté et l’embellissement de la ville. Son état actuel n’est pas digne d’une grande ville de France. »
A.V.fr : Souhaitez-vous l’ouverture des magasins le dimanche lors des fêtes de fin d’année ?
F.R : « Oui, mais attention, nous parlons seulement des dimanches de Noël. C’est une période faste pour le commerce. Les chalets de Noël loués par la ville ont la possibilité d’ouvrir et dans un même temps on l’interdit aux commerçants ? C’est de la concurrence déloyale. Nous demandons juste de l’équité, la même loi pour tout le monde. »
A.V.fr : Un mot pour conclure ?
F.R : « J’aime Angers, nous aimons Angers et nous avons une vision de notre ville prospère et sereine. Je me demande pourquoi avec sa situation géographique, en plein coeur de l’ouest, nous ne sommes pas le bassin économique avec le taux de chômage le plus bas ? Nous devons mettre en avant nos richesses, notre patrimoine, et valoriser les fleurons de notre région et devenir une ville avec un vrai plan de relance économique, nous en avons la capacité. En attendant je suis un commerçant mobilisé. Notre prochaine mobilisation est le vendredi 19 octobre a 9h15, place du Ralliement. »