A la veille du vote de l’Assemblée nationale sur la réforme des retraites, l’intersyndicale avait appelé les angevins à se réunir ce mercredi 15 mars. Entre 6 000 et 7 000 personnes ont manifesté dans le centre-ville d’Angers.
Après avoir battu un record de mobilisation à Angers le 7 mars dernier, l’intersyndicale n’a pas réussi à mobiliser autant de personnes pour cette huitième journée d’action contre la réforme des retraites.
Mardi 7 mars, ils étaient entre 17 000 et 19 000 à battre le pavé à Angers, et entre 3 320 et 4 500 manifestants présents dans les rues samedi dernier. Aujourd’hui, entre 6 000 (police) et 7 000 (syndicats) personnes se sont réunies dans le centre-ville d’Angers pour exprimer leur désaccord avec le gouvernement. De leur côté, les agents territoriaux qui bloquent l’entrée du centre technique des déchets depuis ce lundi, se sont joints au mouvement porté par l’intersyndicale. Les jeunes aussi étaient mobilisés. Ce matin, la faculté de lettres du campus de Belle-Beille était bloquée par une centaine d’étudiants pour dénoncer la réforme des retraites et les conditions de vie étudiante.
« Une bataille idéologique »
« Au fur et à mesure des années, il n’y a rien qui s’arrange. La qualité de notre travail de pompier dépend de notre forme physique. Médicalement parlant, nous devrions partir à la retraite à 50 ans, or, depuis les années 2000, cet âge ne fait que d’être repoussé. Maintenant, on veut nous faire passer de 57 à 59 ans, alors que notre espérance de vie est de dix ans inférieure à la moyenne. Il y a des fonds de réserve dans chacune des caisses de retraite. Il y a l’argent qu’il faut, il s’agit d’une bataille idéologique », explique Olivier Garreau, pompier à la caserne du Chêne-Vert et délégué CGT du Maine-et-Loire.
Même constat pour Delphine et Annie, infirmières en pneumologie au CHU d’Angers : « Nous souhaitons le retrait de la réforme. On ne peut pas aller jusqu’à 64 ans, aussi bien physiquement que psychologiquement. Ce rythme imposé dans les métiers médicaux, on ne peut pas le tenir aussi longtemps. On se demande si ça sert à quelque chose de continuer à manifester, car nous ne sommes pas entendus par le gouvernement. Nous avons conscience que, même en étant là aujourd’hui, ça ne changera pas l’issue décidée par le gouvernement ».
A la veille du vote de la réforme à l’Assemblée nationale et en ce jour de commission mixte paritaire, les manifestants semblent toujours aussi déterminés à faire entendre leurs voix.
« La mobilisation varie en fonction des jours. Tout le monde ne peut se permettre de manifester à chaque fois. La colère, quant à elle, ne fait que s’accroître et nous rassemble. L’unité syndicale le prouve. Le gouvernement fait l’impasse sur les règles démocratiques et sur le respect des syndicats. Ce qui est proposé est du mensonge et n’a rien de social ou de cohérent. Mais si la réforme passe, les syndicats vont continuer à se mobiliser », poursuit Olivier Garreau.
« Je trouve cette réforme injuste et injustifiée. Les métiers difficiles jusqu’à 64 ans, ce n’est pas tenable. On veut privatiser les retraites, mais ce sont toujours les mêmes qui en profitent. On espère que les parlementaires auront la décence de s’y opposer. De plus, cette réforme pousse les seniors à travailler plus longtemps, alors qu’énormément d’associations ne vivent que par eux », dénonce Alain, enseignant.
Des tensions perturbent la manifestation
A mi-parcours, un groupe composé de 200 à 300 manifestants, a pris ses distances avec le cortège sur les voies des berges. A l’angle du boulevard Ayrault et de la rue Boisnet, un face à face avec la police a fait monter la tension. Pendant de longues minutes, des échanges de projectiles et de gaz lacrymogène ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des manifestants.
Pour éviter ces heurts, la tête de cortège s’est arrêtée à la sortie des voies sur berges en attendant le retour au calme. Dans un communiqué, le préfet de Maine-et-Loire, Pierre Ory, a « condamné la prise à partie violente des forces de police par une petite minorité d’individus perturbateurs. Aucun policier n’a été blessé. La police nationale a interpellé plusieurs mis en cause ».
« C’est le gouvernement qui fait monter cette tension en n’écoutant pas les citoyens. Certains finissent par tomber dans la violence. Nous ne voulons pas que les gens ne retiennent que ça de cette nouvelle journée de mobilisation. Il y a de la violence de la part de certains manifestants, mais on banalise la violence du gouvernement », se désolait un membre du syndicat Force ouvrière (FO).
Les syndicats ont d’ores et déjà donné rendez-vous demain à 11 h 30 devant la préfecture pour une nouvelle journée de mobilisation.