Ce lundi 10 décembre 2018, à Oslo en Norvège, Denis Mukwege s’est vu remettre le prix Nobel de la paix. Ce médecin formé au CHU et à l’Université d’Angers dans les années 80 intervient auprès des femmes victimes de viols et tortures sexuelles au Congo.
Depuis vingt ans, le professeur Denis Mukwege, surnommé « l’homme qui répare les femmes », lutte contre les mutilations génitales perpétrées au Congo. Dans son hôpital de Panzi, dans la ville de Bukavu, Denis Mukwege vient en aide à de nombreuses femmes brisées par les horreurs qui ont lieu dans les guerres de l’est de la République démocratique du Congo.
Marié et père de cinq enfants, le parcours de ce gynécologue-obstétricien l’a amené à Angers après un doctorat de médecine obtenu à l’université du Burundi. Travaillant à Lemera, sur les Moyens Plateaux du Sud-Kivu, il se retrouve confronté régulièrement à des femmes, victimes de graves lésions génitales post-partum. En 1984, Denis Mukwege décide de venir se spécialiser en gynécologie-obstétrique à l’université d’Angers. Durant ces cinq années passées en Anjou, il fonde avec un ami l’association Esther Solidarité France-Kivu pour aider sa région d’origine. A la fin de ses études, il décline de nombreuses propositions pour retourner travailler dans son pays avec pour objectif de « réparer les femmes victimes de guerre et leur redonner leur dignité ».
Directeur de l’hôpital de Lemera en 1996, il doit faire face à la destruction de son hôpital lors de la première guerre du Congo et échappe de peu à la mort. Il décide de construire l’hôpital de Panzi où il exerce encore à ce jour. A partir de 1999, lors de la deuxième guerre du Congo, le viol est utilisé comme arme de guerre. Ces viols concernent des femmes de tous les âges, mais également des enfants et des nourrissons. A Panzi, il décide de les prendre en charge de manière globale, tant sur le plan chirurgicale que psychologique et sociale.
Son engagement mettra à plusieurs reprises sa vie en danger, comme en 2012 lorsqu’il est victime d’une tentative d’assassinat à son domicile. Après quelques mois passés en Belgique suite à cet événement, il prend la décision de retourner travailler au Congo pour poursuivre sa mission.
Au début de l’année, il avait reçu de l’Université d’Angers, le titre de Docteur Honoris Causa pour son action auprès des femmes victimes de viols et tortures sexuelles au Congo.
Outre son prix Nobel de la Paix, Denis Mukwege a notamment reçu la Légion d’honneur (2009), le prix Olof Palme (2008) et le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit en 2014.
On le surnomme "l'homme qui réparait les femmes".
Dans son hôpital en République Démocratique du Congo, il a sauvé plus de 50 000 femmes mutilées et excisées.
Rencontre avec Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018. pic.twitter.com/Fyt1l5R7hk— Brut FR (@brutofficiel) December 10, 2018
Grâce au travail de Denis Mukwege, entre 1993 et 2003, 317 crimes de guerre et contre l’humanité ont été recensés au Congo. Huit ans après la publication de son rapport, les noms des responsables n’ont jamais été révélés et aucun crime n’a été jugé. Lors de son discours à Oslo, le prix Nobel de la Paix a appelé la communauté internationale à agir.