Le metteur en scène et réalisateur angevin Patrice Chéreau est décédé hier des suites d’un cancer du poumon, à l’âge de 68 ans.
Le maire d’Angers Frédéric Béatse a déploré la disparition d’un des plus grands « raconteurs d’histoire » de sa génération : « C’était un grand homme, un artiste engagé. Patrice Chéreau n’a jamais oublié ses racines angevines : il faisait partie du comité de parrainage du festival Premiers Plans d’Angers, et j’ai eu le privilège de le croiser plusieurs fois à cette occasion ».
Fils cadet d’un couple de peintre, Patrice Chéreau est né à Lézigné, près de Durtal, le 2 novembre 1944 (une rue de la commune porte toujours son nom). Sensibilisé très jeune à l’art, il intègre le groupe théâtral du lycée Louis-le-Grand à 16 ans, et monte sa première pièce de théâtre à 21 ans. L’année suivante, il prend la direction de son premier théâtre à Sartrouville (Yvelines) ; il dirigera également le Théâtre national populaire (TNP) de Villeurbanne et le Théâtre des Amandiers de Nanterre (Hauts-de-Seine).
En parallèle, il mène une carrière de metteur en scène et d’acteur de cinéma. Il tourne son premier film « La Chair de l’orchidée » en 1974, suivi de neuf autres longs-métrages souvent récompensés en France et à l’étranger, parmi lesquels « L’Homme blessé » en 1983 (un film très sombre sur une passion homosexuelle), « La Reine Margot » en 1994 (deux fois primé à Cannes et couronné par cinq Césars) ou « Ceux qui m’aiment prendront le train » en 1998. Il préside en 2003 le jury du Festival de Cannes. Il incarne une dizaine de rôles, notamment dans « Danton » d’Andrzej Wajda, « Lucie Aubrac » de Claude Berri, « Le temps du loup » de Michaël Haneke.
Patrice Chéreau s’est également intéressé à l’opéra : sa mise en scène de la Tétralogie de Wagner en 1976 fera scadale avant de lui valoir une célébrité mondiale. « Elektra », l’opéra de Richard Strauss restera sa dernière création, ovationnée en juillet dernier au festival lyrique d’Aix-en-Provence.