Les différentes associations qui œuvrent au quotidien sur le terrain auprès des plus démunis font le même constat. La précarité progresse et touche de nouveaux publics.
Avec neuf permanences d’accueil réparties à travers le département et 84 961 aides alimentaires distribuées en 2023 à 10 601 personnes, le Secours populaire de Maine-et-Loire fait partie de ces associations qui, chaque jour, accompagne et soutient les personnes en situation de grande précarité. « Nous observons une augmentation des demandes surtout dans les milieux urbains, comme Angers, Saumur et Cholet. À Angers, nous sommes même à la limite de la saturation. Dans les zones rurales, la situation est plutôt stable », explique Ludovic Cadeau, secrétaire général départemental du Secours populaire de Maine-et-Loire.
Parfois, les nouvelles familles qui souhaitent s’inscrire doivent patienter, faute de capacité suffisante. « Il y a toujours une aide d’urgence qui est possible. Nous ne laissons pas les personnes repartir sans avoir de quoi manger », précise Ludovic Cadeau qui constate une affluence de nouveaux bénéficiaires lorsque le coût de l’électricité est en hausse. En dehors de l’aide alimentaire, le Secours populaire propose une multitude d’aides différentes : scolaire, juridique, culturelle, sportive ou pour l’accès aux soins.
Les travailleurs et les jeunes de plus en plus touchés par la précarité
« Depuis le Covid et l’inflation, nous accueillons un nouveau type de population que sont les travailleurs pauvres. Avant, ils n’étaient pas présents dans nos permanences. Désormais, ils n’arrivent plus à s’en sortir. Le choix entre payer l’électricité et acheter à manger se pose pour eux. Nous avons également dû ouvrir une nouvelle permanence pour les jeunes à Saumur. C’est un public que l’on voit de plus en plus », poursuit le secrétaire général départemental du Secours populaire de Maine-et-Loire.
De son côté, avec plus de 1 000 bénévoles et une quarantaine de permanences, le Secours catholique de Maine-et-Loire utilise des aides financières, principalement alimentaires, pour soutenir au quotidien les personnes en situation de précarité. « Ce sont des aides d’urgence souvent conséquentes, pour permettre de manger, payer l’essence ou les dépenses d’énergie », détaille Armelle Guillembet, déléguée départementale du Secours catholique.
Des difficultés pour se loger
L’association vient aussi en aide à des personnes dans une situation administrative précaire. Elles sont accompagnées par les équipes du Secours catholique dans leurs démarches pour obtenir des aides et régulariser leur situation. « Les gens ont également besoin d’être écoutés, de sortir de l’isolement, notamment en milieu rural », complète Armelle Guillembet.
Comme au Secours populaire, les bénévoles du Secours catholique voient une évolution du public accueilli. « Il y a de plus en plus de familles monoparentales et une précarisation des femmes. Avec la tension sur le marché du logement, notamment à Angers, il est très difficile pour les femmes seules de retrouver un logement. Nous sommes passés de 8 800 à 6 000 attributions par an de logements sociaux en cinq ans. Dans le même temps, il y a eu sur la même période 11 000 demandes supplémentaires chaque année. Sur le début de l’année 2024, les bénévoles remontent du terrain un nombre croissant de demandes d’aides financières. », constate la déléguée départementale de l’association.
Une hausse de personnes accueillies aux Restos du cœur
Les Restos du cœur de Maine-et-Loire n’échappe pas à la tendance. Entre 2022 et 2023, le nombre de personnes accueillies a augmenté de 37 % dans le département. « C’est une hausse extrêmement lourde à gérer avec une charge de travail de plus en plus conséquente pour les bénévoles dont le nombre reste stable », indique Jean-Frédéric Barthélémy, responsable départemental des Restos du cœur.
Comme dans les autres associations, les Restos du cœur ont dû prendre en charge une nouvelle population, principalement des retraités et des étudiants qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. « Nous avons ouvert le mois dernier un point de distribution à Belle-Beille et un accueil en soirée à Saumur en fin d’année dernière », explique Jean-Frédéric Barthélémy.
Dans le département, les Restos du cœur comptent vingt-sept centres de distribution et quatre chantiers d’insertion, gérés par 1 450 bénévoles et plus de 80 salariés.
Le début de l’année 2024 marque aussi pour les Restos une hausse des besoins. « Entre la campagne estivale et celle qui est encore en cours, nous connaissons une légère augmentation, de 1,6 %, de personnes accueillies », note le responsable départemental des Restos du cœur.
Par Sylvain Réault.