Fermetures de lits, pénuries de médecins… Les syndicats du secteur de la psychiatrie montent au créneau dans le Maine-et-Loire. Ils dénoncent d’une même voix « une situation qui n’en finit pas ».

Les syndicats dénoncent un manque de lits. – © Image d’illustration – Adobe Stock
Alors que le gouvernement a annoncé faire de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025, la situation des services de psychiatrie en Maine-et-Loire continue de susciter l’inquiétude. Tandis que les patients attendent parfois plusieurs jours aux urgences en attente d’une hospitalisation, les syndicats dénoncent une politique de santé publique jugée responsable de cette impasse.
« Des pénuries de lits et de médecins »
Depuis plusieurs années, les établissements de santé mentale du département, notamment le Centre de santé mentale angevin (CESAME), font face à une dégradation progressive de leurs capacités d’accueil. Entre 2017 et 2023, « 50 lits y ont été fermés », rapporte la CGT du CESAME. À cela s’est ajoutée, en 2023, « la fermeture de 34 lits supplémentaires, consécutive au départ d’une cheffe de service et de son équipe médicale ». Un secteur complet d’hospitalisation a ainsi disparu, entraînant une saturation des unités restantes : « Le taux d’occupation dépasse les 100 %, des lits supplémentaires sont installés pour tenter de faire face à la demande de soins. »
Dans les centres médico-psychologiques, les professionnels tentent de pallier ce manque en suivant des patients nécessitant une hospitalisation, faute de places disponibles. Cette tension s’est également répercutée sur les urgences du CHU d’Angers. Selon FO, « un patient est resté dans les urgences durant 9 jours », soulignant l’impossibilité de répondre aux besoins dans des délais raisonnables.
Dans un communiqué publié le 4 avril, les sections FO du CESAME et du CHU d’Angers ont dénoncé « des budgets intenables pour les hôpitaux » et « la pénurie de médecins et de lits ». Le syndicat critique également le plan d’urgence lancé par l’Agence régionale de santé (ARS) en 2023, estimant qu’il n’a apporté « aucune mesure de fond ». « Les plateformes téléphoniques et les téléconsultations ne remplacent pas les lits pour hospitaliser les patients », écrit FO, pour qui « la situation s’est empirée » depuis le lancement du plan.
Ouverture d’une nouvelle unité
La direction du CESAME, sous l’impulsion de l’ARS, s’apprête néanmoins à ouvrir une nouvelle unité de 20 lits d’ici juillet 2025, dédiée aux patients en attente d’un hébergement médico-social. Cette unité temporaire, financée à hauteur de 1,5 million d’euros par le budget propre de l’établissement, vise à libérer des places dans les unités d’hospitalisation complète.
Toutefois, la CGT s’interroge sur la faisabilité du projet dans un calendrier contraint. « Recruter une nouvelle équipe dans ces délais sera-t-il mission impossible ? » s’interroge le syndicat, tout en rappelant que cette ouverture en urgence « est bien le symptôme d’une crise profonde et persistante » de la psychiatrie publique.
Au-delà des rivalités institutionnelles, les syndicats insistent sur la nécessité de ne pas céder à la division. « Nos problèmes sont les mêmes partout : manque de lits, manque de bras dans les services ! La polémique lancée ces derniers jours n’a pas lieu d’être », conclut FO, appelant à une mobilisation collective face à une situation qu’elle estime dramatique.
En 2025, le CESAME prend en charge environ 16 000 patients par an, dont 80 % en ambulatoire. Une réalité qui rend d’autant plus cruciale, selon les professionnels, « la nécessité de moyens humains et matériels à la hauteur des enjeux de santé mentale ».
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