Selon les conclusions d’une étude pilotée par le CHU d’Angers qui ont été publiées le mardi 31 mai dans la revue scientifique Plos Medicine, l’administration d’une forte dose de vitamine D dans les 72 heures suivant le diagnostic de Covid-19 permet de fortement diminuer le risque de décès chez les personnes âgées.
D’avril à décembre 2020, le CHU d’Angers a piloté une étude baptisée COVIT-TRIAL, labellisée priorité nationale de recherche par l’État. Ses conclusions viennent d’être publiées dans la revue scientifique « Plos Medicine » ce mardi 31 mai 2022.
Au total, neuf hôpitaux français et leurs EHPAD ont participé à cette étude initiée par le Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie du CHU d’Angers.
Qu’est-ce que la vitamine D ?
La vitamine D, hormone naturelle, est connue pour ses effets sur le métabolisme du calcium et le risque de fracture, mais aussi pour ses propriétés anti-inflammatoires dans les maladies infectieuses et cancéreuses. Elle permet par exemple de prévenir les infections respiratoires hivernales, ce qui avait été observé bien avant l’ère Covid-19.
Comment s’est déroulée l’étude ?
L’étude a débuté en avril 2020, durant la première vague de Covid-19. Cet essai, présenté comme « multicentrique, randomisé, contrôlé, en intention de traiter », avait comme objectifs principaux d’examiner l’effet sur la mortalité à 14 jours de la supplémentation en vitamine D à forte dose par rapport à une dose standard chez des patients âgés atteints de COVID-19 et à risque d’évolution grave, mais également de préciser la tolérance et la sécurité de la supplémentation en vitamine D à forte dose par rapport à la supplémentation en vitamine D à dose standard.
Au total, 260 patients ont été inclus à cette étude qui aura duré neuf mois dans neuf centres français participants (les CHU d’Angers, Bordeaux, Limoges, Nantes, Nice, Saint-Etienne, Tours, et les CH du Mans et de Saumur) et dans les EHPAD dépendants de ces établissements. Les patients étaient âgés de 65 ans et plus, atteints de Covid-19 avec des critères d’évolution défavorables, ou des patients âgés de 75 ans et plus atteints de Covid-19 sans autre facteur de risque.
Ils ont été répartis au hasard en deux groupes. Un premier appelé « intervention » recevait une dose unique de 400 000 UI de vitamine D ( forte dose de vitamine D) dans les 72 h suivant leur diagnostic de Covid-19. Le groupe appelé « contrôle » recevait une dose unique de 50 000 UI dans les 72 h suivant leur diagnostic de Covid-19.
« Investigateurs et patients savaient quel traitement était administré. En parallèle de l’étude, tous les patients ont bien sûr continué à recevoir, dans les deux groupes, les meilleurs soins connus de la Covid-19 (corticoïdes, oxygène, etc.) », précise le CHU d’Angers.
L’efficacité de la vitamine D démontrée dès le 6e jour
Le taux de mortalité a diminué de 60 % chez les personnes qui ont reçu une forte dose de vitamine D dès le début de la maladie. « Ce résultat est important et cohérent avec ce que nous savions des effets anti-inflammatoires de la vitamine D, en réduisant très significativement le risque de décès à 14 jours, et en évitant manifestement l’emballement inflammatoire et l’orage cytokinique observés dans les formes graves de Covid-19 », observe le Pr Cédric Annweiler.
« Cette supériorité d’efficacité de la forte dose de vitamine D perdure effectivement sur la mortalité, toutes causes survenues, dans les 14 jours (critère de jugement principal) sans entraîner plus d’effets indésirables que la dose standard. À noter que des analyses secondaires montrent une diminution de l’efficacité à 28 jours, ce qui pouvait être attendu compte tenu de la durée de vie de la vitamine D prise en une dose unique en tout début d’évolution de la maladie. L’efficacité d’un traitement d’entretien continu (supplémentation en vitamine D quotidienne ou hebdomadaire) suivant la première prise fera l’objet d’une nouvelle étude », précisent les auteurs de l’étude COVIT-TRIAL.
Pour le Pr Cédric Annweiler, chef du service de gériatrie du CHU d’Angers, « il est important que les patients âgés atteints du Covid-19 est un taux normal de vitamine D grâce à une supplémentation. C’est un outil supplémentaire parmi l’ensemble des traitements et vaccins que nous avons à notre disposition. »
Un intérêt pour les patients plus jeunes ?
Si les jeunes sont peu nombreux à faire des formes graves du Covid-19, une supplémentation en vitamine D aurait-elle un intérêt pour les personnes âgées de moins de 65 ans ? « A la période où l’étude a été menée, nous nous sommes concentrés sur la population la plus fragile. L’intérêt est de corriger la carence en vitamine D. Or, celle-ci touche moins les populations jeunes. Demain, la supplémentation chez les plus jeunes pourrait être testée sur des personnes ayant également une carence en vitamine D », explique le Pr Cédric Annweiler.