Quelques mois après son retour en tant que maire d’Angers et à un peu plus d’un an des prochaines élections municipales, Christophe Béchu revient sur son passage au ministère de la Transition écologique et sa vision pour Angers.
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Christophe Béchu est maire d’Angers depuis 2014 – © Angers.Villactu.fr
Réélu pour un deuxième mandat en tant que maire d’Angers en 2020, Christophe Béchu s’est éloigné de sa ville natale pendant plus de deux ans pour occuper le poste de ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Pour Angers.Villactu.fr, le maire d’Angers et président d’Angers Loire Métropole est revenu sur son expérience récente au ministère et l’année qu’il reste avant les prochaines échéances électorales.
Angers.Villactu.fr : Quel bilan faites-vous de votre passage au ministère de la Transition écologique ?
Christophe Béchu : Être appelé au gouvernement, c’est un peu comme pour un sportif être appelé en équipe de France. Vous passez d’un territoire que vous connaissez, à une échelle où vous êtes confronté à des problèmes tout autre. Ce fut une expérience très riche qui m’a permis de mieux connaître le territoire français et de constater qu’il y avait de fortes disparités sur la manière de traiter certaines problématiques. La dimension internationale est l’une des grandes différences par rapport aux missions d’un élu local. C’est aussi une expérience qui m’a offert la possibilité de rencontrer des gens inspirants, que ce soit des chercheurs, des hydrogéologues, ou encore une tribu indienne de Colombie.
À ce poste, vous avez des moyens conséquents pour agir, avec de nombreux collaborateurs et agences, mais à la différence d’une collectivité locale, il y a aussi une lourdeur qui entraîne un temps plus long pour que les décisions soient prises. J’ai touché du doigt l’urgence, l’accélération de l’effondrement de la biodiversité, la nécessité absolue d’aller plus vite sur la décarbonation, la réalité de ce qui nous attend en termes d’adaptation, et dans le même temps, j’ai vu l’immense difficulté à se mettre d’accord entre différents pays à l’échelle mondiale.
Vous avez-eu l’impression d’être utile durant ces deux ans ?
Je n’ai aucun doute là-dessus. Est-ce que j’en ai fait assez ? Sûrement pas. Lorsque vous mesurez ce qu’il y a à faire, c’est titanesque. En me retournant sur le chemin parcouru, je me dis qu’il y a beaucoup de domaines dans lesquels nous avons marqué des points et changé de positions. Parmi les différents ministres de la Transition écologique, j’ai été le premier à avoir vraiment parlé d’adaptation en rappelant que ce qui nous attend ce n’est pas un monde à +1,5 C°, mais un monde à + 4C°. J’ai des regrets, mais aussi de nombreuses satisfactions.
Êtes-vous le même après cette expérience ?
Bien sûr que non. Je suis arrivé en ayant conscience du réchauffement climatique et que l’action des États n’était pas au niveau. Cependant, le temps passé sur le terrain vous fait évoluer sur de très nombreux sujets. Ce sont deux ans de plongée sur des enjeux auxquels vous pensez en permanence.
Avez-vous ramené des idées pour Angers ?
Dès mon retour, nous avons mis en place des clauses environnementales pour les aides aux entreprises. Jusqu’à maintenant, pour une entreprise qui demandait à être aidée sur un projet d’investissement, nous regardions les emplois qu’elle était susceptible de créer. Aujourd’hui, nous vérifions qu’elle fait attention à l’environnement en s’implantant.
Au niveau de l’agglomération, nous avons mis en place un fonds vert qui nous permet d’accompagner les projets des communes de l’agglomération qui veulent accélérer sur les projets de transition écologique.
Sur les quatre années qui viennent de s’écouler en tant que maire d’Angers, quels sont vos regrets et vos satisfactions ?
Ce sont des années marquées par le Covid et la guerre en Ukraine. Cela a eu un impact sur de nombreux projets qui ont pris du retard. C’est le cas pour la médiathèque Toussaint ou encore de la nouvelle salle de musiques actuelles qui doit remplacer le Chabada.
Nous avons eu raison de faire certains choix qui nous bénéficient aujourd’hui. Le territoire intelligent a permis de baisser notre facture d’électricité de 71 % sur l’éclairage public grâce au remplacement de plus de la moitié des lampadaires de l’agglomération. À terme, lorsque l’ensemble du parc sera rénové, cela représente un million d’euros d’économies par an.
Le développement des réseaux de chaleur est une bonne chose pour la planète et pour les fins de mois des angevins.
Il reste un peu plus d’un an avant les prochaines élections municipales. Quelles vont être les priorités ?
La transition écologique et la culture demeurent au centre des priorités. Nous allons accélérer, notamment sur le vélo. Un investissement de plus de six millions d’euros va permettre de développer les liaisons cyclables dans l’agglomération. Sept nouveaux axes vont être livrés en 2025. Notre volonté est d’accélérer le report modal qui peut exister en faveur de la pratique du vélo.
Nous aurons cette année à durcir notre niveau de jeu sur les questions de sécurité. Les faits sont orientés à la baisse, mais les actes violents sont plus nombreux. Les nombreuses incivilités, comme les tags, installent un climat qui est insupportable.
Un an et demi après la mise en service des deux nouvelles lignes de tramway, comment inciter les angevins a davantage laisser leur voiture au garage et à emprunter les mobilités douces ?
Ces deux nouvelles lignes ont trouvé leur public avec une augmentation de la fréquentation des transports en commun. Pour que les angevins s’approprient le réseau, il faut du temps. Il y a une stratégie d’aménagement du territoire en mettant notamment des équipements le long des lignes de transports en commun. Nous devons améliorer le parking-relais qui se trouve à Montaigne et renforcer les campagnes de communication.
Parmi les grands projets en en cours ou à venir, certains verront-ils le jour avant la fin du mandat ?
Des décisions seront très prochainement prises pour la Pyramide du lac de Maine. La pose de la première pierre de la future salle de musiques actuelles interviendra en 2026. La place Kennedy, actuellement en travaux, sera livrée l’été prochain. Le nouveau portail de la cathédrale d’Angers et les aménagements qui vont avec seront terminés à la fin de l’année. L’achèvement des travaux du siège du Crédit Mutuel va permettre de terminer la restructuration de cette zone à proximité de Cœur de Maine. Sur les plateaux des Capucins et de la Mayenne, le nombre de grues confirment l’attractivité de notre territoire.
Par Eline Vion et Sylvain Réault.
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