Dans le cadre du Festival d’Anjou 2019, le comédien et metteur en scène Charly Fournier a présenté sa dernière création « Motel – a drama comedy series » au Grand Théâtre d’Angers. Retour avec lui sur son parcours.
Vous êtes comédien et metteur en scène et vous avez présenté « Motel a Drama Comedy Series » dans le cadre du festival d’Anjou. Quel est votre parcours ?
Charly Fournier : « J’ai commencé le théâtre à Blois avant de faire le cours Florent il y a dix ans. J’ai aussi appris sur les marchés avec la clientèle, le fait de parler avec eux et de les écouter. Je suis metteur en scène et acteur mais je suis aussi auteur. J’y tiens parce que je pense qu’en tant qu’acteur ce qui me plaît c’est aussi le fait d’écrire et de mettre en scène. J’ai de la famille qui est dans le cirque également. Il y avait pas mal de gens autour de moi qui touchaient à l’art. »
A quel âge vous vous êtes dit que vous vouliez être metteur en scène ou auteur ?
« Auteur c’est venu un peu plus tard avec un professeur que j’ai eu au cours Florent et qui m’a poussé à faire de la mise en scène, à écrire… Au départ je voulais être humoriste (rires). Je voyais Gad Elmaleh à la télé et il me faisait rire. Comme sur les marchés je faisais rire des gens… Aujourd’hui je ne veux plus du tout être humoriste je laisse ça aux gens qui savent bien le faire (rires). J’ai découvert le drame et c’est là où j’ai vu que j’étais le plus drôle. J’ai commencé à mettre en scène puis voyant les autres auteurs je me disais « je verrai ça plus comme ci ou comme ça » mais tout en respectant l’auteur. Comme j’avais commencé à écrire il y a très longtemps des bouts de sketchs, j’ai voulu voir ce que ça donnerait en essayant de les mettre en scène. De part mon parcours dans les écoles, à force de tourner des scènes, à un moment donné on a envie de faire de plus grandes scènes et lorsqu’on va au cinéma et que l’on voit des grands films d’action, on a envie de jouer ces scènes-là. Je me suis alors dit qu’au lieu d’attendre le metteur en scène qui allait nous engager, autant le faire nous-mêmes. »
On vous a vu dans quelques courts-métrages, notamment avec Ludovic de Studio Bagel. Quels souvenirs vous reste-t-il ?
« Je ne vois pas de quoi on parle (rires) ! Non, je défends ce que j’ai fait, je suis fier d’avoir fait ça (rires) ! Je trouve ça bien, il prend des choses sans intelligence juste de la bonne connerie pour faire rire les gens, ça fait de mal à personne et je me suis bien amusé à faire ça. Bagel, Golden Moustache ou Les Parasites par exemple, c’est vraiment des gens qui me fascinent parce qu’ils ont une force de productivité, d’envie, de passion… J’essaie avec le théâtre d’avoir cette même envie. On sent qu’il y a une jeunesse qui sait utiliser les réseaux sociaux, qui sait utiliser une caméra… Au théâtre aussi il y a des choses qui changent que ça soit dans la technique ou la vidéo. »
Vous continuez à travailler avec eux ?
« Pour le Studio Bagel, non, c’était pour le million, ça fait un petit moment. Pour les vidéos, il y a Les Parasites qui vont faire « L’Effondrement » sur Canal + Décalé et je vais avoir un petit rôle dedans. Il y a le film « Ambre » de Gabriel Mirété qui fait partie des Parasites qui vient de sortir et qui a déjà eu plusieurs prix et fait plusieurs festivals. »
Pouvez-vous nous pitcher « Motel a Drama Comedy Series » en quelques mots ?
« C’est la rencontre accidentelle de 16 personnages dans un lieu au bord de la route lors d’une journée d’été avec de l’orage. Le soir venu il y aura un feu d’artifice pour célébrer une élection. Ça se passe au Texas et il y a plusieurs situations rocambolesques. On voit des gens se confronter à leur propre norme et à l’autre. On passe de l’humour au drame. »
Comment définiriez-vous votre type de mise en scène ? Dans « Canicule », vous utilisiez des procédés de captations réels et de projections. Est-ce que ce sont des choses que l’on retrouve dans Motel ?
« Oui il y a de la vidéo après je l’utilise autrement que dans « Canicule ». Je trouvais intéressant de voir comment les personnages se découvraient grâce à une caméra. Dans Motel j’utilise plus la vidéo pour le genre. J’ai vraiment voulu partir sur quelque chose qui me tenait à cœur, les films que je regardais quand j’étais jeune. La vidéo permet d’apporter une forme et une nostalgie. »
Quelles sont vos différentes inspirations ?
« Pour « Motel » je dirais les frères Cohen. J’adore Martin Scorsese également ou encore Quentin Tarantino. Il y aussi « Babel » de Iñárritu qui est un film qui m’avait marqué. « Motel » c’est un peu « Babel » avec un côté un peu « sketchs ». C’est ce que j’ai voulu créer : une histoire où tout le monde ne se connaît pas mais chaque événement peut impacter une autre vie. Pour le théâtre, mes inspirations ce sont plutôt les grandes tragédies. »
Vous mettez en scène vos créations. Pourriez-vous mettre en scène d’autres auteurs ?
« Oui c’est une envie. Comme je suis assez tatillon sur l’écriture, je me dis que si je produis un auteur qui a déjà écrit une pièce et que je me permet de changer un mot, il m’en voudrait car moi je n’aimerai pas qu’on me le fasse. Pour l’instant, je préfère avoir une grande liberté en écrivant mais j’ai d’autres idées en tête. Ça viendra probablement. »
Est-ce que vous rêvez de mettre en scène certains comédiens ? Certaines personnalités peuvent-elles vous inspirer lorsque vous êtes en phase d’écriture ?
« Je pense beaucoup aux gens que je rencontre. Pour l’instant j’ai la chance d’avoir des très bons comédiens et de les rencontrer du cours Florent ou au Conservatoire. Quand j’écris je pense à eux et ça m’aide beaucoup. Que ça soit sur les marchés ou dans la vie quand je suis avec mes amis, je regarde leurs mimiques, leur façon de parler… C’est ce que j’aime bien retransmettre dans les pièces, ce sont les choses de la vie. Après, il y a des comédiens que j’adore comme Gérard Jugnot, Christian Clavier, Depardieu… J’ai envie d’écrire et je veux écrire pour des acteurs. J’ai envie de revenir à un théâtre d’acteurs, car les de Funès, Bourville ou Fernandel me manquent. »
Comment votre pièce s’est retrouvée au Festival d’Anjou ?
« J’ai rencontré Jean-Robert Charrier (directeur artistique du festival NDLR) lors d’un festival. Il avait déjà vu « Canicule » qu’il avait aimé. Je lui ai montré un extrait de « Motel » et ça lui correspondait bien, ça l’amusait. Il m’a dit qu’il était partant pour me produire et a voulu me programmer au Festival d’Anjou. Je ne connaissais pas et je ne pensais pas que c’était un festival aussi important. »