Installée depuis 2020 sur le territoire angevin, l’entreprise DelleD – LaFleur développe une filière de culture et de production de médicaments à base de fleurs de cannabis pour aider les patients en impasse thérapeutique.
DelleD – LaFleur poursuit des recherches pour répondre à la généralisation du cannabis médical à l’horizon 2024 – © DelleD – LaFleur
Alors que la législation française est stricte en la matière, c’est un projet ambitieux dans lequel s’est lancée en 2014 la start-up DelleD – LaFleur qui développe une expérimentation autour du cannabis médical.
Originaire de la région parisienne, l’entreprise de vingt-cinq employés s’est installée à Angers en septembre 2020 à la suite de sa première levée de fonds de trois millions d’euros.
« Depuis 2015, je commençais à m’intéresser à l’écosystème angevin du végétal et de la recherche. A notre arrivée, nous avons pu déployer nos équipes pour faire avancer la recherche sur le cannabis médical et la standardisation de la production de fleurs de cannabis », explique Franck Milone, dirigeant de DelleD – La Fleur.
Une expérimentation prometteuse
DelleD – LaFleur souhaite développer des traitements thérapeutiques à base de cannabis médical et répondre à sa généralisation à l’horizon 2024.
« Nos recherches agronomiques portent sur des méthodes d’extraction pour transformer la fleur de cannabis en extrait, puis de le transformer en solution buvable ou en gélules. Notre objectif est de concentrer le maximum de principes actifs avec un minimum d’intrants. Nous nous assurons aussi de la reproductibilité d’une production à l’autre pour que les patients aient toujours les mêmes produits avec les mêmes effets. Derrière, nous avons un laboratoire pharmaceutique assurant le suivi de ces produits sur le marché », ajoute Frank Milone.
Ayant commencé à développer des médicaments dès 2017 avec le CNRS de Strasbourg, ce n’est seulement que depuis 2021 que DelleD – LaFleur a pu lancer une expérimentation sur près de 3 000 patients en échec thérapeutique.
« L’expérimentation ne porte que sur des patients en situation palliative, ayant des douleurs pharmacorésistances, neuropathiques ou oncologiques, ainsi que pour des personnes atteintes de formes graves d’épilepsie, indique le dirigeant. Initialement de deux ans, l’expérimentation se poursuit encore un an, car seulement 1 900 patients ont pu avoir accès aux médicaments. En effet, les centres spécialisés sont en tension, créant des problématiques d’accès, mais nous voyons déjà de très bons résultats ».
La start-up DelleD – LaFleur développe du cannabis médical pour aider les patients en impasse thérapeutique. – © DelleD – LaFleur
Une recherche contrôlée
Sanctionnée par une amende de 200 €, la consommation de cannabis est très contrôlée en France. Cependant, jusqu’au 25 mars 2024, l’usage médical du cannabis sous forme de médicaments peut être autorisé, mais demeure très encadré.
« Nous avons rencontré beaucoup de contraintes administratives. Pour avoir l’autorisation de manipuler un seul milligramme de THC, il nous a fallu près d’un an. De même pour importer des fleurs de cannabis. A nos débuts, notre projet paraissait impossible, mais on montre que c’est faisable », témoigne-t-il.
Poursuivre la recherche
En 2023, la start-up prend part à des groupes de travail portant sur la définition du statut du cannabis médical et de son remboursement selon l’agenda qui a été fixé par le gouvernement pour atteindre la généralisation du cannabis médical en 2024.
Pour pousser le projet à terme, DelleD – LaFleur va avoir recours à une nouvelle demande d’investissement : « On cherche à faire une levée de fonds pour financer le développement commercial et scientifique de l’entreprise à hauteur de 10 millions. En effet, nous mettons beaucoup l’accent sur la formation, car le cannabis est peu connu par les professionnels de santé. Si on veut que les patients en bénéficient il faut que les soignants soient formés », conclut Frank Milone.
L’équipe de DelleD – LaFleur s’est installée en 2020 à Angers. – © DelleD – LaFleur
Par Eline Vion.
