Après 55 ans d’engagement auprès des personnes exilées et socialement défavorisées, l’Association pour la promotion et l’intégration dans la région d’Angers (Aptira) est menacée de fermeture au 1er janvier 2025.
Fondée en 1968, l’Association pour la promotion et l’intégration dans la région d’Angers (Aptira) est sur le point de fermer ses portes, après avoir œuvré pendant plus de cinq décennies au service des personnes exilées. Le 1er janvier 2025 pourrait marquer la fin de ses activités, laissant 16 salariés sans emploi et plus de 1 200 personnes exilées sans soutien.
Des difficultés croissantes
Depuis plusieurs années, l’Aptira fait face à une série de difficultés financières. La réduction progressive des subventions publiques a fragilisé l’association, qui dépendait du soutien de l’État, de la Région, du Département et des collectivités locales. « Malgré cette baisse de financement, le travail de l’association n’a pas diminué, ce qui a conduit à une situation de plus en plus insoutenable », explique Xavier Dupeyroux, secrétaire général de la CGT de Maine-et-Loire.
En 2022, la perte d’un important contrat avec l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) a aggravé la situation. L’appel d’offres a été attribué à un groupe privé, privant l’Aptira de ressources essentielles. Cette perte a conduit au non-renouvellement d’une quinzaine de contrats à durée déterminée et à une détérioration de la situation financière de l’association.
« La conjonction de ces éléments ne nous permet pas de poursuivre l’activité et nous contraint à la cessation totale de l’activité à l’échéance du 31 décembre prochain. Cette cessation d’activité, qui ne permet aucune solution de reclassement, entraîne la suppression de votre poste et nous contraint à devoir envisager votre licenciement pour motif économique », annonce l’association dans ses lettres de licenciement envoyées aux employés.
Aujourd’hui, le déficit de l’Aptira est estimé à 400 000 euros. Un projet de reprise par France Horizon, organisation spécialisée dans l’accompagnement des personnes vulnérables, a échoué en raison de ce déficit trop important. « France Horizon a refusé de reprendre l’association avec une dette aussi élevée », poursuit Xavier Dupeyroux.
Un déficit de 400 000 euros
Si la fermeture se confirme, elle aura des répercussions sur certains services de la ville d’Angers. L’Aptira, en tant que ressource pour les acteurs sociaux et institutionnels, a joué un rôle dans le soutien des personnes exilées, notamment auprès du centre communal d’action sociale ou de la préfecture, qui risquent alors de se retrouver sans les services de l’association.
« Nous faisons un travail primordial par le biais de formations et de cours d’alphabétisation. Nous sommes l’une des seules associations à les proposer à l’échelle du territoire angevin », déplore Charlène Renou, formatrice.
Le plus grand préjudice sera toutefois subi par les 1 200 personnes exilées actuellement accompagnées par l’Aptira. « Leurs perspectives d’intégration sociale risquent d’être compromises, et aucune alternative concrète n’a encore été proposée pour les soutenir après la fermeture », ajoute Charlène Renou.
Marie Noël, formatrice à l’Aptira depuis huit ans, exprime sa tristesse face à la situation : « Ici, nous voyons des personnes reprendre confiance en elles. C’est un lieu où elles retrouvent leur dignité, et voir tout ça s’effondrer est bouleversant ».
La disparition de l’association laisse planer une grande incertitude sur l’avenir des personnes qu’elle accompagne, tout comme sur celui des 16 salariés qui risquent de perdre leur emploi.
En soutien des salariés de l’association, la CGT 49 a lancé une pétition pour protester contre la fermeture de l’Aptira. À ce jour, plus de 1 000 signatures ont été recueillies. « Nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités et de trouver une solution pour apurer la dette de l’Aptira, afin de permettre à France Horizon de la reprendre », déclare Stéphanie Takacs, membre de la CGT.
Par Eline Vion.
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