Le Gatsby Bar, situé rue des Lices, a baissé définitivement le rideau après un long conflit de voisinage et des problèmes administratifs. La pétition récemment mise en ligne n’aura pas réussi à sauver ce lieu prisé des angevins.
En octobre 2019, les frères Gareau, Nicolas et Stéphane, lançaient un concept pour le moins original au cœur du centre-ville d’Angers. Derrière la vitrine lambda d’un commerce de la rue des Lices, ils ouvraient le Gatsby Bar, « un bar clandestin », en référence aux années 20 et 30, lors de la Prohibition, une période au cours de laquelle la vente d’alcool était interdite aux Etats-Unis. En complément de la large carte de cocktails, l’établissement proposait une riche programmation, accueillant ainsi jusqu’à 235 artistes en 2021. « Nous participions à la vie culturelle de la ville », estime Nicolas Gareau.
Plusieurs dizaines de milliers d’inscrits
Très rapidement, le succès fut au rendez-vous, avec 34 000 inscrits sur le site internet qui recevaient chaque mois le code secret pour accéder à l’établissement. « Nous avions une clientèle fidèle et quatre salariés. C’était un rêve d’avoir ouvert un tel lieu », poursuit le gérant âgé de 29 ans. Si Nicolas Gareau parle désormais au passé, c’est que le bar n’a plus accueilli un seul client depuis le 27 juillet dernier, après de longs mois de batailles épuisantes.
Il faut dire que cette aventure entrepreneuriale n’aura pas été de tout repos. Peu de temps après l’ouverture, des voisins étant gênés par le bruit, des travaux de plusieurs milliers d’euros avaient été réalisés que ce soit au sein de la copropriété ou dans le bar afin de régler le problème.
Après avoir passé la difficile période de la crise sanitaire, l’établissement retrouvait enfin des couleurs. C’était sans compter l’arrivée d’une nouvelle voisine en 2022. « Dès le début elle s’est plainte du bruit, même si elle savait en achetant l’appartement que nous existions. Les échanges pour trouver une solution étaient difficiles. Elle voulait que nous fermions », se souvient Nicolas Gareau. Un passage impromptu de personnels de la mairie pour réaliser des prises de son entraînera un arrêté de l’Agence régionale de santé (ARS). « Cet arrêté ne permet plus depuis 2023 de mettre de la musique. Il a fallu se réinventer, mais forcément ce n’était pas sans conséquence sur la fréquentation. J’ai vraiment fait tout mon possible pour que la situation s’arrange, sans succès », déplore le gérant.
Une issue de secours qui pose problème
C’est finalement l’issue de secours de l’établissement qui sera fatale au Gatsby. Le 29 avril dernier, une commission de sécurité passe dans le bar. « À ce moment, on me demande un document notarié qui stipule qu’en cas de problème, les clients peuvent sortir en empruntant un passage appartenant à la copropriété. Sauf que cet acte n’existe pas et n’a jamais été demandé pour les précédents commerces. La voisine a réuni l’ensemble des copropriétaires afin qu’ils se prononcent pour autoriser, ou non, le passage des clients par cette sortie en cas de problème. Ils ont finalement refusé », détaille Nicolas Gareau. En l’absence de cette autorisation, la jauge dans le bar est passée de 120 personnes à 17, personnels inclus.
Le jeune homme place son établissement en redressement judiciaire le temps de trouver une solution qui ne viendra malheureusement pas, malgré le lancement d’une pétition qui a recueilli plus de 3 500 signatures. Le mercredi 2 octobre dernier, le Gatsby Bar est liquidé judiciairement.
Très touché par cette fermeture, Nicolas Gareau regrette l’absence de soutien : « Nous avons fait beaucoup pour la culture à Angers. En retour, il n’y a eu aucun soutien, au contraire… Avec le recul, j’ai l’impression de ne pas avoir été écouté. Il y a beaucoup d’amertume. À quel moment tout ça donne envie à un jeune d’ouvrir un établissement avec un concept différent ? »
Prochainement, des actions en justice, notamment contre le propriétaire de l’immeuble, devraient être lancées, afin de pouvoir être dédommagé. « J’ai investi 80 000 euros de ma poche pour essayer de régler ces différents problèmes. Aujourd’hui, je n’ai plus rien. J’ai le souhait de pouvoir retrouver nos clients, mais il faudra du temps, et cela ne pourra pas se faire ici », conclut Nicolas Gareau.
Par Sylvain Réault.
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