Depuis quelques années, de nombreuses friperies ont ouvert à Angers, témoignant d’un retour en force de la mode vintage, mais aussi de l’émergence d’une conscience écologique et éthique chez les consommateurs.
Selon l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), près de 4 milliards de tonnes de CO2 sont produit chaque année par le secteur du textile, faisant de la mode l’une des industries les plus polluantes au monde. Au total, 100 milliards de vêtements sont vendus chaque année dans le monde, soit 60 % d’habits de plus qu’il y a 15 ans.
En réponse au phénomène de la fast fashion, de nombreuses boutiques ouvrent, avec l’intention de lutter contre la surconsommation en vendant des vêtements de seconde main. C’est le cas à Angers où les ouvertures de friperies se sont multipliées ces dix dernières années.
Un secteur en pleine expansion
Ouverte depuis près de sept ans, la friperie QAZ, située rue Gâte Argent, est l’une des premières à s’être implantée à Angers. « Nous avons ouvert en novembre 2016 dans un local rue Toussaint, puis nous sommes passés à des ventes en ligne et éphémères pendant quelques années. Nous avons ensuite ouvert notre nouveau local en septembre 2022, explique Quentin Ménard, co-dirigeant de la friperie QAZ. C’était une évidence d’ouvrir une boutique de seconde main avec Jules. Nous sommes amis depuis l’enfance et partageons un même penchant pour les fripes ».
Dans son sillage, plusieurs autres boutiques ont ouvert avec pour but, de partager la passion des vêtements d’occasion. C’est le cas de la boutique Frip your mind, située rue du Cornet : « Céline Jules, créatrice de la boutique et angevine d’origine, vivait à Paris et voyait des friperies ouvrir un peu partout. Elle a donc décidé de revenir à Angers pour y développer le concept », explique Alex Touret, employé de Frip your mind. Je vais prochainement ouvrir ma propre boutique, car il y a beaucoup de demandes ».
Parmi les dernières arrivées à Angers, on retrouve la boutique le Jardin Vintage, créée par Elyxene Alex : « Passionnée par les vides greniers et les vêtements de seconde main depuis mon enfance, je me suis rendu compte qu’à Angers, il n’y avait pas énormément de friperies. C’était l’occasion de me lancer, car il y a beaucoup d’angevins intéressés. »
Une clientèle diversifiée
Si la seconde main fonctionne autant, c’est aussi grâce à sa diversité d’offre. Pendant longtemps affiliée aux femmes, la mode de seconde main s’est affranchi des clichés et attire une clientèle toujours plus variée.
C’est ce que remarque la boutique La Coloc, ouverte depuis un an rue du Mail. « On voit qu’il y a autant de demande pour les hommes que pour les femmes », indique Orlane Viau, co-gérante de la boutique. « De la même manière, on voit aussi bien des étudiants que des personnes plus âgées s’intéresser aux habits de seconde main. Tout dans la boutique peut leur rappeler des souvenirs », ajoute Elsa Tessier, co-gérante de La Coloc.
« L’avantage de la seconde main, c’est qu’il y en a pour tous les styles. Les vêtements peuvent être mixtes et adaptés à tous les âges », explique Alex Touret. Même constat au Jardin Vintage : « Il y a majoritairement une jeune clientèle, mais on rencontre progressivement une clientèle plus âgée, notamment le weekend ».
Une réponse écologique et économique
En 2023, près de 80 % des Français comptent réduire leurs dépenses d’habillement selon une étude de Wavestone. Face à ce constat, le secteur des friperies souhaite montrer qu’il est possible d’associer petit budget et vêtements de qualité, en accord avec l’écologie.
« Les friperies, c’est un effet de mode utile et intelligent qui s’ancre de plus en plus dans la vie des gens », explique Jules Maillet, co-gérant de la friperie QAZ. « On sélectionne les pièces que l’on vend pour ne proposer que des vêtements de qualité, à un prix juste. La seconde main, c’est accessible et écologique », ajoute Quentin Ménard.
Pour Elyxene Alex, « la seconde main permet de récupérer des vêtements de qualité destinés à la poubelle. C’est à la fois une action écologique et économique car les prix proposés ne sont pas excessifs. En période d’inflation, tout le monde s’y retrouve ».
Par Eline Vion.