À Angers, l’éducation alternative lutte contre les préjugés
Société

À Angers, l’éducation alternative lutte contre les préjugés

Loin des stéréotypes parfois associés aux écoles alternatives, les établissements angevins Imagine Montessori (IMMA) et École Maria Montessori Angers (EMMA) se démarquent par leur approche structurée, mettant l’accent sur l’autonomie des enfants.

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Dans les établissements Montessori, l’enseignement s’adapte au rythme de chaque enfant. – © Adobe Stock

Selon les données publiées le 6 septembre 2023 par l’association « Créer son école », la création d’écoles hors contrats maintient sa croissance en France. L’Hexagone compte 1 847 établissements hors contrats, dont 1 102 en premier cycle et 745 au secondaire.

Parmi eux, 243 établissements privés hors contrats ont adopté la pédagogie Montessori. À Angers, deux établissements ont adopté cette méthode. Il s’agit d’Imagine Montessori (IMMA) et de l’École Maria Montessori Angers (EMMA).

Une philosophie propre à chaque école

L’approche Montessori a été développée au début du XXème siècle par l’Italienne Maria Montessori. Elle trouve écho dans « les aspirations contemporaines liées à l’épanouissement individuel, au respect des différences et à la bienveillance ».

Première école Montessori implantée à Angers, IMMA accueille des élèves depuis 2013. Elle compte dans ses rangs 80 enfants, âgés de 3 à 15 ans.

« L’objectif de notre école est de donner confiance à l’enfant, en leur enlevant notamment la pression de la note. On lui apprend à vivre avec les autres et à comprendre son environnement. Cette adaptabilité permet de ne pas être démuni face à la vie d’adulte, explique Johan Marchesseau, directeur d’IMMA. Il y a une pédagogie commune, mais elle s’adapte à chaque enfant ».

Ouverte en 2019, EMMA compte 45 élèves, également de la maternelle au collège. L’école a pour objectif de rendre l’enfant « acteur de son apprentissage ». « Les accompagnateurs ont une position de guide pour les enfants, car ces derniers travaillent pour eux-mêmes. Ils apprennent à écouter leurs sensations et leurs besoins. » indique Aude Largeron, directrice d’EMMA.

Des cours de 3 à 15 ans

S’ils ne bénéficient pas de financement de l’État et ne sont pas tenus de suivre les programmes nationaux, les écoles doivent tout de même garantir aux élèves la maîtrise du « socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Que ce soit à travers des « cycles » ou des « ambiances », les enfants sont accompagnés selon différentes tranches d’âges, avec des objectifs prédéfinis.

Les enfants de 3 à 6 ans sont accompagnés dans « l’apprentissage du mouvement, des activités concrètes et sensorielles favorisant les interactions ».

La période de 6 à 12 ans se caractérise quant à elle par un travail sur la vie en communauté, la responsabilisation et l’autonomie, avec un accent sur les projets émergents des élèves. « Ils arrivent à un âge où ils prennent conscience du temps et de l’espace. Il y a des temps de cours installés, mais ils auront également l’opportunité d’organiser leurs propres journées et des événements créatifs », décrit Johan Marchesseau.

Les écoles Montessori encouragent les enfants à « découvrir par eux-mêmes des connaissances à travers un environnement éducatif organisé et préparé à cet effet ». – © EMMA

De 12 à 15 ans, l’accent est mis sur l’autonomie organisationnelle, le développement des compétences méthodologiques et une pédagogie de projets, préparant les élèves à leur place dans la société.

Victimes de nombreux stéréotypes, les établissements essaient tant bien que mal de se débarrasser des a priori qui ont parfois la peau dure. « Loin de l’image libertaire qu’elle véhicule parfois, la méthode Montessori s’appuie sur un cadre très précis au sein duquel l’enfant est encouragé à l’autonomie. La discipline est intérieure et ne vient pas de l’extérieur », constate Aude Largeron.

Un constat partagé par Johan Marchesseau : « On ne laisse pas faire les enfants ce qu’ils veulent comme l’imaginent beaucoup de personnes. Cette pédagogie permet à l’enfant d’avoir une autodiscipline importante. Il est maître de lui, de ses émotions comme de ses actes. Il est amené à distinguer ses besoins de ses envies et non d’en faire qu’à sa tête ».

Des difficultés persistantes

Bien que certains établissements tentent de rendre l’éducation Montessori plus accessible avec des tarifs échelonnés en fonction des revenus des parents, ce choix éducatif a un coût.

« Nos tarifs oscillent entre 200 à 550 euros par mois, échelonnés sur douze mois. Ils sont fixés en fonction du quotient familial et il peut y avoir des bourses, explique Aude Largeron. Même si l’éducation alternative tend à se développer de plus en plus, il y a beaucoup de contraintes qui pèsent sur les écoles hors contrats. Il faut un fort engagement qui ne doit pas s’essouffler au fur et à mesure des années ».

« Depuis deux ou trois ans, c’est très compliqué de faire vivre l’école financièrement. Il y a une volonté de garantir l’école pour tous en n’augmentant pas trop les tarifs, mais il faut aussi faire perdurer l’école. Nos prix vont de 230 à 600 euros sur douze mois. On rencontre parfois des parents qui souhaitent inscrire leurs enfants qui n’ont pas les moyens », ajoute Johan Marchesseau.

Par Eline Vion.