Depuis 2014 à Angers, une colocation pas comme les autres rassemble sous le même toit des jeunes actifs et des personnes en situation de grande précarité.
Permettre, sous un même toit, de rassembler des jeunes actifs et des personnes en situation précaire, c’est l’idée de l’association Lazare, qui a ouvert une première maison à Lyon en 2010. Elle compte aujourd’hui douze maisons en France et quatre à l’étranger. La maison angevine, gérée par Marine et Stanislas Verwaerde, a ouvert ses portes en 2014 dans le quartier de la Doutre, avant de déménager il y a deux ans dans une grande bâtisse, au sein de la congrégation du Bon Pasteur, près du parc Balzac.
Des histoires de vie très différentes
Les cinq femmes et les huit hommes qui occupent la maison vivent chacun dans deux espaces bien distincts. Une grande pièce de vie commune, avec cuisine, permet de passer des soirées et de partager des repas tous ensemble. Il y a d’un côté les « volontaires », des jeunes actifs qui font le choix de rejoindre cette colocation atypique, et de l’autre des « accueillis ». « Au quotidien, il n’y a pas de distinction, tout le monde vit ensemble. Les personnes accueillies ont connu la galère, souvent la rue. Ils ont parfois des addictions ou des troubles psychologiques », explique Marine.
Les jeunes actifs s’engagent au moins pour une année. Les personnes en situation de précarité peuvent quant à elles rester autant de temps que nécessaire. Comme dans toutes les colocations, les tâches du quotidien sont partagées, ainsi que les repas et les courses. « C’est grâce à cette vie en communauté qu’il est possible de se reconstruire. On fait de nombreuses activités ensemble : des voyages, des concerts, des repas, des jeux de société… », poursuit Marine qui vit dans une partie de la maison avec son mari Stanislas et leurs trois enfants.
Après Lille, Françoise a rejoint la colocation angevine il y a quatre ans. De nombreux accidents de la vie ont amené la nordiste à rejoindre l’association Lazare. « Il y a des hauts et des bas comme dans une famille. Les gens me considèrent ici un peu comme leur grand-mère. J’essaie d’aider les autres lorsqu’ils sont fatigués ou être une oreille attentive s’ils veulent parler ». Au fil des années, des liens d’amitié se sont créés. Françoise est restée en contact avec d’anciens colocataires et a même été au mariage de l’un d’entre eux.
Un accompagnement pour sortir de la galère
Deux fois par semaine, une assistante sociale vient rencontrer les colocataires pour les conseiller et les guider. Une psychologue assure aussi un suivi pour ceux qui en ont besoin. « Un patient expert, qui s’est formé pour aider des personnes qui ont des addictions, après avoir réussi à soigner les siennes, intervient pour aider les colocataires à se reconstruire », racontent Marine et Stanislas qui occupent ce rôle de responsable de la maison de manière bénévole.
Chaque premier dimanche du mois, la maison Lazare d’Angers organise un goûter de l’amitié. « C’est l’occasion pour des personnes en galère de venir à notre rencontre. Ces journées sont aussi ouvertes aux angevins ou à des jeunes actifs qui voudraient rejoindre la colocation », ajoute Marine.
Progressivement, la maison Lazare d’Angers s’est fait connaître des habitants. Certains ont fait des dons afin d’améliorer le quotidien des colocataires. « Une famille a donné du parquet. Actuellement, nous sommes à la recherche d’un canapé », précisent les responsables de la maison.
Par Sylvain Réault.