De retour à Angers depuis 2018, l’association le Mouvement du Nid aide les personnes qui se prostituent à s’en sortir. Cette année, 24 femmes ont bénéficié d’un accompagnement.
Selon les chiffres de la préfecture, plus de 380 prostituées seraient actives dans le Maine-et-Loire – © Adobe Stock
Implantée dans toute la France, l’association le Mouvement du Nid avait cessé son activité à Angers entre 2016 et 2018. Depuis six ans, une équipe de six bénévoles accompagne au quotidien les prostituées présentes sur l’ensemble du département. « Le fait de ne plus voir la prostitution ne veut pas dire qu’il n’y a en plus. La prostitution a changé de fonctionnement, avec une présence sur Internet », note Philippe Chopin, préfet de Maine-et-Loire. Si la préfecture estime à 380 le nombre de prostituées dans le Maine-et-Loire, elles pourraient être beaucoup plus. « Ce sont majoritairement des femmes, mais aussi beaucoup de mineurs », ajoute le préfet.
Des maraudes numériques
Pour venir à leur rencontrer et tenter d’apporter une aide, le Mouvement du Nid 49 pratique la « maraude numérique ». Les bénévoles de l’association vont sur des sites internet de petites annonces afin de prendre contact avec les prostituées. « Nous envoyons un message. Si la personne est d’accord, nous échangeons par SMS, puis nous allons ensuite sur son lieu de prostitution », explique Zohra, bénévole et codéléguée du Mouvement du Nid 49. Une fois que le lien a pu être créé, l’association propose différents dispositifs d’accompagnement, avec une aide administrative, des cours de français, des temps de convivialité, mais aussi un soutien moral. Pour ce travail, l’association bénéficie notamment d’une subvention de l’État à hauteur de 20 000 euros.
« Il faut beaucoup de courage pour s’en sortir »
En 2024, le Mouvement du Nid 49 a accompagné 24 personnes. « Il faut beaucoup de courage pour s’en sortir. Pour obtenir un titre de séjour, elles doivent dénoncer le réseau qui les exploitent », poursuit Philippe Chopin. « Certaines connaissent des conséquences ensuite dans leur pays d’origine. Ces femmes risquent leur vie et leurs familles sont menacées », complète Zohra.
Parmi les prostituées présentes dans le Maine-et-Loire, 80 % sont d’origine étrangère. « La moyenne d’âge d’entrée dans la prostitution pour les personnes étrangères est de neuf ans et demi. Cela demande beaucoup d’efforts de sortir ensuite de cet environnement », indique la bénévole.
« « Je ne pensais pas pouvoir avoir une autre vie »
Olga* est aidée par l’antenne angevine de l’association depuis quelques années. Après plus de trente ans de prostitution, elle voit enfin le bout du tunnel. « Je ne pensais pas pouvoir avoir une autre vie. J’ai commencé très jeune et je pensais que c’était mon métier. Grâce au Mouvement du Nid, j’ai compris que j’étais capable d’en sortir. Depuis trois ans, j’ai trouvé un travail dans une entreprise », se réjouit Olga.
De son côté, Mila* a connu l’association il y a trois ans. Après l’obtention de son titre de séjour, elle vient de commencer un travail. « Sans l’association, jamais je n’aurais pu quitter la prostitution. L’accompagnement et l’aide qu’elle nous apporte sont extrêmement importants », confie-t-elle.
Contact : 09 86 30 61 61 ou 07 63 88 63 24. Instagram : @mouvement_du_nid_49.
* Les prénoms ont été modifiés.
Par Sylvain Réault.
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